Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a déclaré samedi que le développement d'un nouvel avion de combat furtif chinois progressait plus rapidement que ne l'estimaient les États-Unis par le passé et qu'il s'en inquiétait.

Washington est aussi préoccupé par un nouveau missile balistique chinois qui pourrait théoriquement frapper un porte-avion américain situé jusqu'à 3200 kilomètres de distance des côtes du pays asiatique, a affirmé M. Gates. Comme pour l'avion furtif, Pékin a battu les prévisions américaines quant à la vitesse de développement de cette arme.

M. Gates était en route pour la Chine afin d'y tenir des discussions sur des sujets militaires avec un pays qui pourrait devenir un rival des Américains dans la région du Pacifique. Le secrétaire a indiqué samedi qu'il espérait que les discussions mènent à plus d'ouverture et à une moindre nécessité en termes de programmes d'armement secrets.

Les États-Unis savaient depuis longtemps que l'armée chinoise souhaitait disposer d'un avion furtif, mais son développement a été extrêmement rapide, a indiqué M. Gates.

Pékin a toutefois beaucoup de retard dans ce domaine. Même en 2015, Washington disposera toujours de beaucoup plus d'avions furtifs que n'importe quel autre pays sur la planète, a soutenu le secrétaire américaine à la Défense.

La Chine a toujours indiqué qu'elle ne menaçait aucun pays et que ses forces armées ne serviraient qu'à des missions de défense. Mais le territoire chinois inclut, selon Pékin, l'île de Taïwan, une région autonome politiquement depuis plusieurs décennies.

Dans une apparente réponse aux demandes américaines pour plus d'ouverture, les autorités chinoises ont autorisé la capture de photos et de vidéos d'essais de son prototype d'avion furtif, ainsi que leur mise en ligne.

Robert Gates tente d'obtenir des discussions plus fréquentes avec les responsables militaires chinois.

Même si ses budgets sont réduits, le Pentagone dépense de plus en plus d'argent pour trouver des façons de bloquer des attaques perpétrées par le type d'armes développées par la Chine.

Par exemple, M. Gates a récemment affirmé qu'il souhaitait que Washington effectue d'importants investissements pour développer un nouveau bombardier à longue portée et de nouveaux équipements électroniques afin de perturber le vol d'un missile ennemi.

Influence en Corée

Par ailleurs, M. Gates a soutenu que la Chine a aidé à l'apaisement de la crise dans la péninsule coréenne après le bombardement nord-coréen d'une île du Sud.

«Nous reconnaissons que la Chine a joué un rôle constructif en apaisant les tensions dans la péninsule à la fin de l'année dernière», a déclaré à la presse le responsable américain, à bord de son avion qui l'emmenait pour une visite officielle à Pékin.

Durant les trois jours de rencontres prévues avec de hauts responsables chinois, Robert Gates prévoit de discuter des moyens d'amener la Corée du Nord à une posture moins agressive, a-t-il indiqué.

«Pour parler de manière générale, je pense que l'un de nos objectifs est de voir si nous pouvons en finir avec ces provocations récurrentes de la part des Nord-coréens et apporter une plus grande stabilité à la péninsule», a déclaré le ministre américain de la Défense.

«Nous avons un intérêt mutuel à cela» avec la Chine, a-t-il ajouté.

Washington a souvent exprimé son impatience devant les atermoiements de Pékin à l'égard de son allié nord-coréen, pressant la Chine d'user de ses moyens d'influence à son égard.

Pyongyang a réaffirmé samedi être prêt à reprendre des pourparlers avec la Corée du Sud, fin janvier ou début février.

La tension entre les deux Corées a atteint un sommet le 23 novembre avec le bombardement de l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, qui a fait quatre morts.

Robert Gates a encore indiqué que le problème nord-coréen devrait figurer au centre des entretiens prévus la semaine prochaine lors de la visite à Washington du président chinois Hu Jintao, notamment la question de savoir «si nous pouvons aller plus loin dans la dénucléarisation de la Corée du Nord», a-t-il dit.

Ses entretiens à Pékin doivent commencer lundi, avant une visite prévue mercredi à Tokyo et vendredi à Séoul.

Avec AFP