De nouvelles pluies s'abattaient jeudi sur le nord-est de l'Australie, confronté à des inondations sans précédent attribuées au phénomène climatique La Niña, alors que la ville de Rockhampton, face au danger des serpents, a décidé de ne plus ravitailler les récalcitrants.

Les pluies d'orage ont provoqué par endroit une brusque montée des eaux et encore aggravé la situation dans les zones déjà inondées, ont indiqué les services météorologiques.

Le niveau d'eau a commencé à lentement baisser uniquement à Rockhampton, ville côtière de 75 000 habitants située dans l'État du Queensland, à 500 km au nord de Brisbane.

Dans cette ville quasiment coupée du monde, la municipalité refuse désormais d'aider «des habitants totalement irresponsables», qui exposent les secouristes aux attaques de serpents en refusant de quitter leur maison.

«On ne peut pas mettre nos agents en danger, en amenant des vivres (dans ces maisons)», a déclaré le maire Brad Carter.

L'édile a expliqué que, dans l'agglomération, certaines familles avec des enfants refusaient de quitter leur maison inondée, et que les secouristes prenaient des risques en leur livrant de la nourriture en bateau et en traversant les eaux infestées de serpents. Avec les crues, les reptiles ont quitté leurs habitats traditionnels et cherchent des endroits secs.

«Maintenant, il faut qu'ils comprennent qu'en raison de leur choix, on ne leur fournira plus de denrées alimentaires ou d'autres services», a averti le maire.

Le niveau de la rivière Fitzroy, qui arrose Rockhampton, a atteint son pic à 9,2 mètres, soit moins haut que redouté, et devrait selon les prévisionnistes ne plus s'élever, mais une décrue notable n'est pas annoncée avant au moins une semaine.

«Le niveau des inondations va continuer à rester très haut, pour au moins encore une semaine, obligeant à vivre dans ces conditions très difficiles», a déclaré le maire.

Les inondations qui ont fait dix morts depuis novembre ont été attribuées jeudi par les services météorologiques australiens au phénomène climatique La Niña, qui a donné lieu dans le Queensland à l'année la plus humide depuis la création des relevés météo.

À l'opposé d'El Niño, La Niña se caractérise par une hausse des températures de surface de la mer des secteurs central et oriental du Pacifique.

Selon l'Organisation météorologique mondiale, le phénomène, réapparu en juillet dans le Pacifique, s'accompagne en général de fortes pluies en Indonésie, Malaisie et Australie, de périodes de sécheresse en Amérique du Sud, de tempêtes dans l'Atlantique tropical, de vagues de froid en Amérique du Nord et d'un temps pluvieux dans le sud-est de l'Afrique.

Alors que la région minière du Queensland fournit à elle seule la moitié des besoins mondiaux de coke de charbon nécessaire à l'industrie sidérurgique, les conséquences économiques des inondations se feront sentir au niveau local comme mondial.

Le manque à gagner pour l'industrie minière locale se chiffre déjà à un milliard de dollars australiens (754 millions d'euros) et la pénurie de charbon risque d'entraîner une poussée des prix sur le marché mondial.

Conséquence plus inattendue des intempéries, le tournage du film Mad Max 4, avec pour théâtre un désert post-apocalypse, a dû être reporté alors que les vastes espaces habituellement désolés de la Nouvelle-Galles du Sud ont verdi sous l'effet de la pluie qui a mis fin à des années de sécheresse dans certains endroits.

Autre paysage inhabituel, des cascades d'eau qui dévallent les pentes de Uluru, aussi appelé Ayers Rock, cette célèbre formation rocheuse du centre de l'Australie, lieu sacré pour les Aborigènes.