Le congrès du Parti communiste vietnamien (PCV), grand-messe politique quinquennale du régime de Hanoï, se déroulera du 11 au 19 janvier, et devrait confirmer le rythme mesuré des réformes économiques et le renouvellement, très progressif, du sommet de la hiérarchie.

Le parti créé par Ho Chi Minh, père de l'indépendance, devrait poursuivre sa ligne d'ouverture économique tout en gardant sous contrôle la vie politique et sociale, selon les analystes, qui soulignent que la croissance est stable depuis plusieurs années.

«Pourquoi feraient-ils la révolution? Les gens vivent de mieux en mieux et il n'y aucun besoin de changer tout le système», a ainsi estimé un homme d'affaires étranger.

Environ 1400 représentants du parti doivent siéger pendant neuf jours pour cette réunion «historique», afin de désigner les quelque 150 membres du Comité central du PCV, qui lui-même élira les 15 à 18 membres du Bureau politique, organe suprême du pouvoir.

Ce «politburo» validera ensuite les nominations aux postes-clés, résultant de mois de tractations, joutes politiques et alliances de circonstances au sein d'un parti traversé de courants et de voix dissonantes.

La date a été annoncée mercredi au terme du dernier plénum du Comité central du parti. La politique sera par ailleurs déterminée «dans tous les domaines» pour la période 2011-2020, a précisé la radio.

Selon les observateurs, Nguyen Tan Dung, Premier ministre depuis juin 2006 et membre du Bureau politique depuis 1997, a toutes les chances de conserver son poste, voire d'accéder à la fonction de secrétaire général du parti (numéro un du régime).

Dung, 61 ans, a toutefois dû batailler ces derniers mois après avoir été été affaibli par plusieurs dossiers sensibles. Parmi eux, la quasi-faillite du groupe public Vinashin, un conglomérat de construction navale, qui a accumulé 4,4 milliards de dollars de dettes, soit 4,5% du Produit intérieur brut du pays en 2009.

«Jamais le gouvernement n'avait été soumis à un tel feu de critiques. Il est actuellement très embarrassé, sur le plan politique et économique», a récemment estimé un haut responsable du PCV sous couvert de l'anonymat.

Un député a même symboliquement appelé il y a quelques semaines à un vote de confiance contre le Premier ministre. Ce dernier a en outre essuyé depuis plus d'un an de violentes critiques concernant un projet d'exploitation de bauxite dans les Hauts plateaux du centre.

Des intellectuels, d'ex-hauts responsables et personnalités telles que le général Vo Nguyen Giap, vainqueur des Français en 1954 à Dien Bien Phu, ont réclamé l'arrêt du projet, dénonçant l'implication de la Chine et les risques environnementaux.

Les arrestations et condamnations d'opposants ou de blogueurs se sont multipliées ces derniers mois. Comme tous les cinq ans, l'imminence du congrès a provoqué une crispation du régime, selon des analystes.

Mais le Premier ministre, malgré tout, reste en position de force. «Il devrait rester. Il a été touché mais il est toujours fort, il a beaucoup d'amis, notamment dans les services de sécurité», selon un diplomate étranger.

Avec le probable retrait du secrétaire général du parti Nong Duc Manh et du président Nguyen Minh Triet, à la retraite obligatoire, les prétendants crédibles pour les remplacer sont peu nombreux.

Truong Tan Sang, 61 ans, membre permanent du secrétariat du comité central du PCV et de facto numéro 2 du parti, est sur les rangs, selon plusieurs sources, tout comme le conservateur président de l'Assemblée nationale Nguyen Phu Trong, 66 ans, proche de la Chine.