Les autorités américaines craignent que le manque de sécurité des laboratoires indiens n'en fassent les cibles de terroristes cherchant des armes bactériologiques pour commettre des attentats de par le monde, selon une dépêche de l'ambassade américaine à New Delhi obtenue par le site WikiLeaks et publiée par le quotidien britannique The Guardian.

Les dépêches de ce lot évoquent aussi des accusations de torture au cachemire indien et les inquiétudes de Rahul Gandhi, considéré comme le probable futur premier ministre en Inde, pour qui les extrémistes hindous pourraient représenter une plus grande menace pour son pays que les extrémistes islamistes.

L'un des câbles daté de juin 2006 se préoccupe de ce que des groupes terroristes pourraient voler des bactéries, parasites, virus ou toxines dans les laboratoires indiens mal surveillés.

«Des terroristes fomentant des attentats partout dans le monde pourraient utiliser l'industrie biotechnologique de pointe de l'Inde et la vaste communauté de recherche bio-médicale comme sources potentielles d'agents bactériologiques», écrivent les diplomates dans un câble classé secret.

«Étant donné les fortes connections aériennes entre Delhi et le reste du monde, et les vulnérabilités qui pourraient être exploitées aux aéroports, une personne pourrait, délibérément ou non, facilement faire entrer ou sortir des matériaux dangereux du pays», ajoutent-ils.

«Entrer dans un site pour se procurer des agents bactériologiques mortels n'est pas très difficile ici», déclare un expert cité par les diplomates américains mais dont le nom est censuré dans le document publié. Un autre expert estime que la sécurité des laboratoires universitaires de recherche est très médiocre et que «l'on peut acheter un garde avec un paquet de cigarettes pour entrer».

Une source aurait confié à des diplomates que les milliers de chercheurs indiens en bactériologie pourraient se laisser recruter, soit par sympathies idéologiques, soit pour de l'argent.

Un responsable gouvernemental indien ayant requis l'anonymat car il n'est pas autorisé à s'exprimer publiquement sur cette question, a jugé ces inquiétudes «très exagérées et fantaisistes».

Toutefois, une experte en biotechnologie, Suman Sahai, a déclaré à l'Associated Press que la sécurité était toujours très mal assurée dans les laboratoires de biotechnologie aujourd'hui, quatre ans après la rédaction du câble diplomatique. Selon elle, les employés sont influençables et ceux qui quittent le public pour travailler dans des laboratoires privés volent souvent des semences, du matériel génétique et autre matériel sensible avant de partir.

Les autorités indiennes ont fait clairement savoir qu'elles se concentraient plus sur la possibilité d'un attentat nucléaire ou chimique que bactériologique, qu'elles considèrent peu probable, lit-on encore dans la dépêche diplomatique.