Au moins 17 personnes ont été tuées par la bombe d'un kamikaze mercredi à l'arrêt de bus d'un marché très fréquenté du nord-ouest du Pakistan, pays où les talibans alliés à Al-Qaïda mènent une campagne très meurtrière d'attentats.

L'attaque a été perpétrée dans la ville-garnison de Kohat, proche des zones tribales bastion des insurgés islamistes.

«Dix-sept personnes ont été tuées et au moins 25 blessées, dont sept grièvement», a indiqué à l'AFP Dilawar Bangash, le chef de la police de Kohat.

«L'objectif était un chef tribal opposé aux talibans et la plupart des victimes sont les passagers d'un bus», a-t-il ajouté. Le kamikaze, qui portait une veste bourrée d'explosifs, était à pied.

Mais d'autres policiers ont estimé que le kamikaze pourrait avoir visé un bus transportant des chiites, minorité religieuse qui figure parmi les cibles privilégiées des talibans, extrémistes sunnites.

Un policier, Fazal Naeem, a précisé que le kamikaze s'est présenté à la portière d'un bus transportant des passagers à destination du district tribal voisin d'Orakzaï, un bastion taliban, et a fait immédiatement exploser sa bombe.

Kohat, aux portes des zones tribales frontalières avec l'Afghanistan et considérées comme le principal sanctuaire dans le monde d'Al-Qaïda, concentre d'importants effectifs de l'armée combattant les insurgés pakistanais alliés au réseau d'Oussama ben Laden.

Ils sont les principaux responsables de plus de 420 attentats - suicide pour la plupart - qui ont fait près de 4000 morts dans tout le pays ces trois dernières années.

Mardi déjà, dans un de ces districts tribaux, le Mohmand, 43 personnes avaient péri dans un double attentat suicide visant une réunion de chefs tribaux ayant levé des milices antitalibans.

L'attaque avait été immédiatement revendiquée par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al-Qaïda et est le principal responsable de la campagne d'attentats qui ensanglante le Pakistan depuis juillet 2007.

Le TTP avait décrété à l'été 2007 le jihad, la guerre sainte, à Islamabad pour son soutien, depuis fin 2001, à la «guerre contre le terrorisme» de Washington.

Avec le soutien logistique du TTP, qui dispose dans les zones tribales de centres d'entraînements, Al-Qaïda forme ses propres kamikazes qui se destinent, eux, à des attentats en Europe et aux États-Unis, selon les services de renseignements américains et européens.

Les zones tribales sont également une base-arrière importante des talibans afghans, qui combattent dans leur pays les quelque 150 000 soldats des forces internationales sous la bannière de l'OTAN, américains pour plus des deux tiers.

Aussi, les drones de la CIA tirent quasi-quotidiennement, dans ces zones tribales pakistanaises frontalières, des salves de missiles visant les cadres d'Al-Qaïda comme les talibans afghans et pakistanais.

Les premiers tirs de missiles datent de 2004, mais la campagne s'est considérablement intensifiée depuis l'été 2008, avec plus de 160 salves qui ont tué près de 1300 personnes dans les zones tribales. Des insurgés islamistes, dont d'importants cadres d'Al-Qaïda, selon les militaires pakistanais, mais aussi des civils, selon les autorités locales.