Un haut responsable américain a rencontré mardi des membres de l'opposition birmane pour la première fois depuis les dernières élections, au cours d'une visite qui lui permettra aussi de s'entretenir avec des cadres de la junte et l'opposante Aung San Suu Kyi.

Joseph Y. Yun, adjoint du vice-secrétaire d'État pour l'Asie de l'Est et du Pacifique, est arrivé mardi en Birmanie et doit y rester jusqu'à vendredi.

Il s'agit de la première visite d'un haut responsable américain dans le pays depuis les élections du 7 novembre, les premières en vingt ans, dénoncées par le président Barack Obama comme «tout sauf libres et justes».

Le diplomate a rencontré des représentants de dix partis ayant remporté des sièges lors du scrutin, selon Khin Maung Swe, dirigeant de la Force démocratique nationale (NDF).

«Nous lui avons parlé des votes recueillis en avance» par la junte, a-t-il indiqué. Les partis d'opposition avait dénoncé dans ces votes des fraudes massives de la part du parti pro-junte, qui a revendiqué une victoire écrasante.

Les discussions ont également porté sur les sanctions économiques américaines, que la NDF aimerait voir «réexaminées», arguant qu'elles ont échoué à faire infléchir les militaires.

Le NDF a été créée par des transfuges de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi, opposés à sa stratégie de boycottage des élections.

Selon un porte-parole du Département d'État américain, M. Yun va au cours de son séjour appeler la junte à «améliorer» la situation des droits de l'homme et à «libérer tous les prisonniers politiques immédiatement et sans condition».

Il doit rencontrer vendredi la lauréate du prix Nobel de la paix, libérée le 13 novembre après plus de sept années de résidence surveillée, selon la LND.

Washington avait décidé en septembre 2009 d'entamer un dialogue avec la junte, constatant que les sanctions seules n'avaient guère de prise sur l'évolution d'un des régimes les plus fermés au monde.

Depuis cette date, Kurt Campbell, adjoint pour l'Asie de l'Est et le Pacifique de la secrétaire d'État Hillary Clinton, s'est rendu deux fois en Birmanie pour rencontrer des responsables du gouvernement et Mme Suu Kyi, alors en résidence surveillée.

La dissidente a salué ce changement de stratégie mais a également appelé les États-Unis à ne pas s'engager dans ce dialogue «en portant des lunettes roses».

Washington devrait «garder les yeux ouverts, rester en alerte et voir ce qui se passe réellement, à quoi mène le dialogue et quels sont les changements qui doivent advenir», avait-elle déclaré lors d'un entretien sur CNN en novembre.