La Chine a réagi mardi avec mesure aux fuites de télégrammes diplomatiques américains de WikiLeaks qui laissent entendre qu'elle a perdu son influence sur la Corée du Nord, un pays qui l'irriterait de plus en plus et aurait perdu pour elle son importance stratégique.

La Chine a également souhaité que les révélations de WikiLeaks, site selon lesquel elle aurait aussi fermé les yeux sur un transit par son territoire d'éléments de missiles nord-coréens destinés à l'Iran, n'auraient pas d'impact sur les relations sino-américaines.

«Nous espérons que Washington gérera correctement le dossier», s'est contenté d'indiquer mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hong Lei, à propos de ces révélations qui ont provoqué l'émoi à Washington mais aussi dans de nombreuses autres capitales.

Pékin, qui a refusé de condamner les tirs d'artillerie de l'armée de Pyongyang la semaine dernière contre une île sud-coréenne en mer Jaune, s'est toujours abstenu de critiquer publiquement son traditionnel allié.

Mais selon un câble diplomatique figurant parmi les plus de 250 000 révélés par le site internet WikiLeaks, un responsable chinois dont le nom n'a pas été divulgué a estimé que la Corée du Nord «est allée trop loin» en procédant à son deuxième essai nucléaire l'an dernier.

Selon le télégramme, le diplomate chinois a révélé à un diplomate américain que «des officiels chinois avaient fait part de leur mécontentement à leurs homologues nord-coréens en pressant (la Corée du nord) de retourner à la table des négociations» à Six sur son programme nucléaire.

Mais «malheureusement», a-t-il ajouté, «ces protestations n'ont pas eu d'effets».

«Les États-Unis sont le seul pays qui pourrait faire des progrès dans les discussions avec la Corée du Nord», a estimé ce responsable chinois.

Dans un autre télégramme, le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Chun Yung-Woo, déclare que «la Chine a bien moins d'influence sur la Corée du Nord que les gens ne le pensent».

Toujours selon ce document, M. Chun pense que les dirigeants du Parti communiste chinois «ne considèrent plus la Corée du Nord comme un allié utile ou fiable».

Le responsable sud-coréen estime aussi que la Corée du Nord «s'est déjà effondrée économiquement» et va «s'effondrer politiquement» deux ou trois ans après la mort de son leader, Kim Jong-Il.

Dans un autre télégramme, les Américains se disent déçus des efforts de la Chine en matière de non-prolifération, en l'accusant de ne pas être intervenue pour arrêter le transfert d'éléments de missiles nord-coréens à l'Iran qui auraient transité par l'aéroport de Pékin.

Ce télégramme datant de 2007 ajoute que ces livraisons contreviennent aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Iran et sur la Corée du Nord, ainsi qu'aux règles que la Chine s'est elle-même fixées en matière de contrôle des exportations sensibles.

Pékin souligne régulièrement ses efforts en vue d'une dénucléarisation de la péninsule coréenne et du dialogue, notamment dans le cadre des pourparlers à Six (deux Corées, Russie, Japon, États-Unis et Chine).

Hébergés par Pékin depuis 2003, ces pourparlers sont suspendus depuis que Pyongyang en a claqué la porte en avril 2009.

Pour faire baisser les tensions actuelles dans la péninsule, la Chine a proposé dimanche des consultations d'urgence des Six qui ont été rejetées par les États-Unis et la Corée du Sud, le Japon exprimant des réserves.

Mardi, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a dit croire «que les parties concernées vont prendre cette proposition au sérieux et réagir positivement».

«Dans les circonstances actuelles, il est impératif de ramener cette question sur la voie du dialogue et de la consultation au plus vite», a-t-il insisté.