Le président sud-coréen a promis lundi que la Corée du Nord allait «payer le prix» de ses tirs d'artillerie «inhumains», au lendemain de la proposition par Pékin d'une réunion d'urgence sur la situation «vivement préoccupante» dans la péninsule coréenne.

Pour sa part, la Corée du Nord a prévenu que «la mer Jaune est au bord de la guerre», en raison des manoeuvres aéronavales conjointes organisées en riposte par les Etats-Unis et la Corée du sud.

«Je ne peux m'empêcher d'exprimer ma colère face à la brutalité du régime du Nord», a déclaré le président sud-coréen Lee Myung-Bak, lors d'un discours solennel de sept minutes, diffusé par la télévision.

«Je vais m'assurer que le Nord va payer le prix pour chacune de ses provocations», a ajouté M. Lee, le visage grave. «Cette fois la provocation du Nord dépasse les précédentes», a-t-il insisté.

Le président sud-coréen faisait référence au bombardement mardi dernier par la Corée du Nord de l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, sur laquelle Pyongyang a tiré 80 obus. L'île est située tout près de la frontière maritime contestée entre les deux Etats. Les forces de Séoul ont riposté par des tirs l'artillerie.

Cette attaque, d'ampleur inédite depuis la guerre de Corée (1950-1953), a fait quatre morts sud-coréens, deux militaires et deux civils.

«Effectuer une attaque militaire contre des civils est un crime inhumain interdit même en temps de guerre», a affirmé M. Lee, qui a été très critiqué sur la riposte militaire de Séoul jugée trop timorée.

«C'est désormais le temps de l'action plutôt que celui des discours», a poursuivi le chef de l'Etat sud-coréen.

«Désormais, notre population sait que toute tolérance ou toute patience supplémentaire (vis-à-vis de Pyongyang) ne débouchera que sur des provocations encore plus importantes».

M. Lee a par ailleurs estimé qu'il était «difficile de s'attendre à ce que la Corée du Nord abandonne sa politique armée de la corde raide et son (programme) d'armement nucléaire».

Cette fermeté et ces promesses d'action semblent aller dans un sens différent de l'offre de la Chine de pourparlers d'urgence.

Pékin a proposé dimanche que se retrouvent début décembre les six pays participant aux négociations sur le programme nucléaire nord-coréen (deux Corées, Etats-Unis, Japon, Russie et Chine), en soulignant la «profonde inquiétude» de la communauté internationale.

Séoul et Tokyo avaient réagi avec prudence à cette proposition, Washington refusant dimanche de se prononcer.

Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont entamé dimanche une démonstration de force aéronavale au large de la péninsule. Pyongyang a promis de riposter «sans pitié» à toute intrusion dans ce qu'il considère son espace maritime.

Ces quatre jours de manoeuvres militaires conjointes en mer Jaune, auxquels prend part le porte-avions nucléaire américain George Washington, sont les plus importantes jamais organisées par les deux Etats, selon l'état-major sud-coréen.

Ils sont une «provocation et un crime», a estimé lundi l'agence officielle nord-coréenne KCNA.

«La mer Jaune est au bord de la guerre», a-t-elle prévenu, invoquant cette «autre grave provocation militaire contre nous de la part des Etats-Unis et de nos ennemis sud-coréens».

«Il est criminel de la part de la Corée du Sud et des Etats-Unis d'organiser des exercices militaires à grande échelle à cet endroit critique, qui peuvent mener la situation à un stade explosif», a ajouté KCNA.

Selon Washington, ces exercices aéronavals sont une démonstration de force visant à «renforcer la dissuasion contre la Corée du Nord».

La Chine veille jalousement sur la mer Jaune et Pékin s'est dit «opposé à toute action militaire non autorisée à l'intérieur de la zone économique exclusive de la Chine».

Selon un porte-parole du Pentagone, ces opérations «de nature défensive» ne sont «pas dirigées contre la Chine».