Embarrassés par le comportement erratique de la Corée du Nord, les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ne prévoient pas de réunion à brève échéance après le bombardement de l'île sud-coréenne de Yeonpyeong.

La prudence des membres permanents -États-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne- reflète l'absence à l'heure actuelle de réponse adéquate au bombardement nord-coréen de mardi, soulignent des diplomates.

«Personne ne veut se lancer dans une réunion à corps perdu. Tout le monde veut attendre. Les Chinois traînent les pieds, c'est vrai, mais tout le monde veut attendre et réfléchir», souligne un diplomate sous couvert d'anonymat.

«On a l'impression d'avoir utilisé toutes les cartouches et on ne sait pas sur quel pied danser avec la Corée du Nord. Tout le monde se dit: réfléchissons, prenons le temps», ajoute-t-il.

Les membres du Conseil de sécurité ont cependant tenu des consultations sur le bombardement et l'ambassadeur britannique à l'ONU, Mark Lyall Grant, a indiqué que ces consultations continueraient jeudi et au-delà.

Dès mardi, une source diplomatique française avait fait savoir à Paris qu'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité était en cours d'organisation. Mais rien de tel ne se dessinait mercredi en milieu de journée à New York. Aucun pays n'a pour l'heure demandé de réunion spéciale du Conseil de sécurité sur le bombardement nord-coréen dans lequel quatre personnes sont mortes.

Des diplomates interrogés à New York disent redouter qu'une condamnation du Conseil de sécurité ne fasse que jeter de l'huile sur le feu.

«La Chine freine et c'est bien normal. Elle partage 2000 km de frontière avec la Corée du Nord et elle ne veut pas que ce pays parte en vrille. Elle craint que la Corée du Nord ne réagisse de façon exagérée» et ne s'engage dans un cycle irréparable, a relevé l'un d'entre eux.

«Même les Sud-Coréens hésitent. Ils veulent que le Conseil de sécurité serve à quelque chose et ne vienne pas aggraver la situation», a-t-il dit. «Il y a une très grande prudence de toutes les parties, y compris des États-Unis».

La situation rappelle celle qui a suivi en mars dernier le naufrage de la corvette Cheonan, que la Corée du Sud a accusé le Nord d'avoir torpillée. Le Conseil de sécurité avait attendu quatre mois pour se réunir sur le sujet.

«Tout le monde a été échaudé par l'affaire Cheonan», a relevé le diplomate.

Un de ses confrères a jugé possible que le Conseil de sécurité, le principal organe des Nations unies chargé de garantir la paix internationale, ne décide d'aucune action.

«Les pressions ne marchent pas avec les Nord-Coréens qui utilisent des contrepressions et la bravade bien mieux que nous», souligne Leon Sigal, du Comité de recherches en Sciences sociales, un centre de réflexion basé à New York.

«Les Chinois sont en fait extrêmement mécontents» vis-à-vis de Pyongyang, ajoute M. Sigal. Mais «ils ne feront rien qui augmente l'étranglement de la Corée du Nord».

Pour Jamie Metzl, directeur adjoint de l'Asia Society, un autre centre de réflexion new-yorkais, les Nord-Coréens «cherchent à gagner du temps». «Plus ils ont de temps, plus ils peuvent espérer obtenir de résultats dans le domaine nucléaire».

«Mais avec ce bombardement, ils recherchent aussi un marchandage avec la Corée du Sud et les États-Unis pour obtenir davantage d'aide», observe l'analyste.