La police chinoise interrogeait mardi huit suspects, au lendemain de l'incendie spectaculaire d'une tour d'habitation de 28 étages au coeur de Shanghai qui a fait au moins 53 morts et suscitait de nombreuses questions sur la sécurité.

Alors que les premiers éléments de l'enquête semblaient accuser des soudeurs, des parents recherchaient toujours des dizaines de disparus et certains, en colère, dénonçaient le manque de sécurité en Chine.

La police a annoncé avoir interpellé huit personnes après la tragédie qui a également fait 70 blessés.

«Nous avons interpellé huit personnes suspectées de négligences criminelles ayant provoqué un grave accident», a déclaré aux journalistes Cheng Jiulong, porte-parole du Bureau de la sécurité publique de Shanghai.

«L'enquête préliminaire impute le drame à de mauvaises opérations de la part de soudeurs dépourvus de licences», a indiqué l'agence officielle Chine nouvelle.

La tour de logements, un édifice des années 90 qui abritait 156 familles, a pris feu lundi après-midi dans Jingan, quartier très peuplé de Shanghai, métropole de 20 millions d'habitants de l'est de la Chine.

L'incendie, qui a provoqué un brasier impressionnant et d'épaisses fumées noires dans le centre de la capitale économique chinoise, a apparemment démarré dans des échafaudages installés pour des travaux de rénovation de la tour.

Un responsable de la compagnie chargé de ces travaux a expliqué au quotidien Global Times que de grandes quantités de polyuréthane, résine hautement inflammable, étaient utilisées pour ces travaux destinés à mieux isoler le bâtiment.

Les autorités vont mener une enquête approfondie sur l'incendie et les coupables seront punis, a averti le ministre de la Sécurité publique Meng Jianzhu, cité par Chine nouvelle, tandis que l'équipe d'enquêteurs était placée sous l'autorité du gouvernement.

Une attente anxieuse continuait pour des proches de disparus.

«J'attends depuis hier soir. Je ne sais pas quand je reverrai ma mère», a déclaré à l'AFP Yang Bo, un jeune homme qui l'a recherchée dans les hôpitaux, sans succès.

Une liste affichée dans un centre de secours des rescapés indiquait que les habitants d'une cinquantaine d'appartements étaient portés disparus.

Lundi, il a fallu quatre heures et demie à des dizaines de pompiers avec une soixantaine de véhicules anti-incendie et l'intervention de trois hélicoptères pour maîtriser l'incendie et secourir une centaine de personnes.

Selon le Global Times, plus de 180 personnes se trouvaient dans l'immeuble au moment de la tragédie.

Les photos publiées par la presse montrent des habitants s'accrochant désespérément aux échafaudages et la tour déjà carbonisée mais encore dévorée par les flammes.

L'immeuble, située dans un quartier très commerçant, était occupé essentiellement par des enseignants, en partie retraités.

Ce gigantesque incendie a provoqué un début de polémique sur la sécurité à Shanghai, ville hérissée de centaines de tours et gratte-ciel.

«C'est la négligence notamment qui a provoqué l'incendie», dit à l'AFP Gu, un voisin de la tour, dont le propre immeuble est en rénovation. «Depuis le début des travaux, il y a des mégots partout et les matériaux utilisés s'enflamment vite».

«S'il s'était agi de la Tour Jinmao ou du Centre financier mondial, je ne crois pas que cela aurait pu brûler si longtemps», déclarait un autre riverain interrogé par le China Daily, au sujet des deux plus hauts et rutilants gratte-ciel de Shanghai, dans le quartier ultra-moderne de Pudong.

Un responsable de la municipalité de Shanghai cité par le China Daily expliquait également que les issues de secours des logements sont souvent verrouillées par crainte de cambriolages.