L'ancien premier ministre bangladais Khaleda Zia a déclaré samedi qu'elle avait été expulsée de son domicile, ce qui a donné lieu à de violentes protestations de la part de milliers de ses partisans à Dacca, la capitale.

Mme Zia, qui a été à deux reprises premier ministre (de 1991 à 1996 et de 2001 à 2006), est apparue en pleurs à la télévision disant qu'elle avait été contrainte par des hommes de loi de quitter sa maison située dans le quartier militaire de Dacca à la suite d'une décision de justice lui enjoignant de libérer avant vendredi ce logement que le gouvernement lui louait.

«Ils ont forcé la porte d'entrée, cisaillé les grilles avant d'ouvrir en grand la porte de ma chambre. Ils m'ont traînée dehors et n'ont poussée dans une voiture», a raconté Mme Zia, principale représentante de l'opposition, essuyant ses larmes.

«J'ai été jetée dehors avec seulement ce que je porte sur moi. J'ai été humiliée. Ils m'ont expulsée de ma maison au mépris de toutes les lois et de toutes les réglementations, a-t-elle ajouté. Ils ont également frappé les membres de ma famille, a-t-elle poursuivi.

Selon des responsables, Mme Zia a quitté «d'elle-même» sa maison après une décision de justice l'enjoignant de la libérer.

Son avocat Mahbubuddin Khokon a raconté que des femmes policiers avaient fait irruption dans la maison où Mme Zia vivait depuis 1982 après l'assassinat  de son mari, le président Ziaur Rahman en 1981, et qu'elle avait été expulsée avant d'être emmenée dans une voiture. «La police a enfoncé la porte, arrêté plusieurs employés de maison et l'a poussée dans une voiture. Elle a été expulsée illégalement alors que la Haute cour étudie encore son appel», a indiqué l'avocat.

À la suite de l'annonce de l'expulsion de Mme Zia, des milliers de partisans de son Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) sont descendus dans les rues de Dacca. La police est intervenue alors que des voitures ont été incendiées et des pierres lancées sur les policiers, selon la police.

«Ils sont devenus violents et ont endommagé de nombreuses voitures. Nous avons tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour les disperser», a indiqué Abdul Baten, responsable adjoint de la police, ajoutant que des dizaines de protestataires avaient été arrêtés.

Le BNP a appelé à une grève nationale dimanche pour protester contre la décision du gouvernement.

L'actuelle premier ministre, Sheikh Hasina, avait mis un terme à la location de la maison l'an dernier, estimant que Mme Zia, désormais sans mandat, devait emménager ailleurs.