Le dalaï lama et d'autres prix Nobel de la Paix participent depuis vendredi à un sommet sur le désarmement nucléaire à Hiroshima, la ville martyre de l'ouest du Japon détruite par une bombe atomique américaine à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.

Mais la conférence risque de faire davantage parler d'elle en raison de l'absence du lauréat 2010, le dissident chinois Liu Xiaobo, emprisonné en Chine, et de son épouse, assignée à résidence.

Il sera représenté à Hiroshima par un autre dissident chinois exilé à Taïwan, Wu'er Kaixi, ancien meneur des étudiants de la place Tiananmen à Pékin au printemps 1989.

L'attribution en octobre du Nobel de la Paix à M. Liu, condamné à 11 ans de prison en décembre 2009 pour avoir co-rédigé la «Charte 08» réclamant une démocratisation de la Chine, a suscité la colère de Pékin qui a menacé de représailles la Norvège, ainsi que tous les pays qui assisteront à la cérémonie de remise du prix en décembre à Oslo.

Autre absent de taille: le président américain Barack Obama, lauréat 2009 du Nobel de la Paix en raison de son engagement en faveur du désarmement nucléaire, a décliné l'invitation, officiellement en raison de sa participation au G20 de Séoul et au Forum économique de l'Asie-Pacifique (Apec) au Japon ce week-end.

Les États-Unis n'ont jamais présenté d'excuses aux victimes des bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki et la venue de M. Obama dans l'une de ces deux villes, qu'aucun président américain en exercice n'a jamais visité, aurait suscité de vifs débats aux États-Unis, notamment parmi les anciens combattants.

L'ancien président soviétique Mikhaïl Gorbachev a dû, lui, annuler sa participation en raison de problèmes de santé.

La présence sur le sol japonais du dalaï lama, chef spirituel des Tibétains en exil, et du dissident Wu'er Kaixi va coïncider avec celle du président chinois Hu Jintao, attendu vendredi soir pour assister au sommet de l'Apec à Yokohama, près de Tokyo.

Une concomitance dont le gouvernement japonais se serait bien passé, car ses relations avec la Chine sont actuellement au plus mal, depuis l'incident naval qui a opposé les deux géants asiatiques début septembre autour d'îles de la mer de Chine orientale revendiquées par Tokyo et Pékin.

L'arrestation du capitaine d'un chalutier chinois, accusé par les garde-côtes nippons d'avoir percuté deux de leurs navires près de ces îlots appelés Senkaku en japonais et Diaoyu en chinois, a déclenché une vague de protestations en Chine.

Devant les menaces et les représailles de Pékin, le Japon a finalement relâché le pêcheur chinois, mais la tension n'est pas retombée pour autant.

Plusieurs tentatives pour organiser un sommet entre les dirigeants des deux pays ont jusqu'ici échoué. Le Premier ministre japonais Naoto Kan garde l'espoir de pouvoir rencontrer en tête-à-tête le président chinois Hu à Yokohama ce week-end.

Parmi les autres participants au sommet de Hiroshima, qui durera trois jours, figurent l'ancien directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei et l'ancien président polonais Lech Walesa.

«Face aux inquiétudes grandissantes à propos de la course aux armements nucléaires et aux menaces du terrorisme international, il devient nécessaire de trouver et d'appliquer sans tarder des mesures concrètes afin de parvenir à un désarmement nucléaire global», ont déclaré les organisateurs dans un communiqué.