La chef de file de l'opposition pro-démocratique en Birmanie, Aung San Suu Kyi, aidera à enquêter sur les accusations de fraude électorale quand elle sera libérée de son assignation à résidence à la fin de la semaine, si elle est vraiment libérée, a déclaré un proche collègue mercredi.

L'intention de la lauréate du prix Nobel de la paix a été annoncée quelques heures avant que les premiers résultats officiels des élections de dimanche soient rendus publics. Les résultats montrent que le parti pro-junte se dirige vers une victoire écrasante, mais les critiques affirment que les élections ont été truquées et que la fraude est répandue.

De hauts dirigeants de la junte au pouvoir, dont le premier ministre Thein Sein, font partie de ceux ayant remporté des sièges au parlement, selon les résultats diffusés mercredi soir à la télévision nationale. Thein Sein est le chef du Parti pour le développement et la solidarité de l'Union (USDP), qui agit comme paravent du régime militaire au pouvoir.

Des observateurs indépendants et des dirigeants occidentaux, dont le président américain Barack Obama, ont affirmé que les élections de dimanche, les premières en deux décennies en Birmanie, n'ont été ni libres ni équitables.

La Ligue nationale pour la démocratie d'Aung San Suu Kyi a mis sur pied un comité pour enquêter sur les allégations de fraude, a annoncé Nyan Win, porte-parole du groupe.

La Ligue pour la démocratie a perdu son statut de parti politique parce qu'elle a refusé de participer à des élections qu'elle considérait injustes, mais le groupe reste actif en tant que mouvement social.

L'intention de Mme Suu Kyi de replonger dans la bataille politique, en particulier d'une façon qui pourrait embarrasser la junte, présente le genre de défi auquel le régime a répondu dans le passé en limitant les libertés de l'opposante. Mme Suu Kyi a passé 15 des 21 dernières années en détention ou en résidence surveillée.

Son assignation à résidence doit prendre fin samedi. Un responsable du gouvernement ayant requis l'anonymat a affirmé que même si aucune directive officielle n'a été émise au sujet de sa libération, «des préparatifs de sécurité nécessaires sont en cours sur le terrain».

Nyan Win s'est dit persuadé que l'opposante sera libérée.

«Elle doit être libérée parce qu'il n'y a aucune loi en vertu de laquelle sa détention pourrait être prolongée», a-t-il estimé. Mais il a ajouté qu'Aung San Suu Kyi n'accepterait pas sa libération si elle devait être assortie de conditions. Dans le passé, le régime militaire a refusé de la laisser voyager hors de Rangoon, craignant que sa popularité n'encourage les dissensions.

Nyan Win a indiqué que Mme Suu Kyi s'impliquerait de façon active dans le comité d'enquête sur la fraude électorale quand elle sera libérée. Il a précisé que le comité tiendrait des audiences et recueillerait des preuves de malversations électorales auprès des groupes d'observateurs indépendants.

«Nous rédigerons une liste des fraudes et exposerons les irrégularités», a dit Nyan Win. «C'est la pire élection dont j'ai été témoin. Il y a une quantité énorme d'activités injustes à travers le pays.»

Les résultats diffusés par la télévision nationale n'ont pas précisé le nombre total de sièges remportés par chaque parti, mais la liste partielle de gagnants par circonscription ne laisse aucun doute sur le fait que le parti pro-junte a remporté une majorité décisive. De hauts responsables de l'USDP ont affirmé en privé que le parti avait remporté de 75 à 80% des sièges en jeu.

Selon les résultats diffusés jusqu'à maintenant, l'USDP a remporté 48 des 60 sièges de la chambre basse, neuf des 13 sièges de la chambre haute et 83 des 109 sièges dans les législatures régionales. Le nombre total d'électeurs ayant participé au vote n'a pas été précisé. L'USDP a déjà été déclaré gagnant dans plusieurs dizaines de circonscriptions où il n'avait pas de rivaux.