Le président américain Barack Obama a érigé mercredi en modèle de tolérance et de démocratisation l'Indonésie, un grand pays d'Islam méconnu sur la scène internationale qu'il voit «jouer un rôle important au XXIè siècle».

Au cours de sa courte visite à Jakarta, M. Obama, tout sourire, n'a cessé d'exprimer son bonheur de retrouver l'Indonésie, 39 ans après l'avoir quittée enfant.

«Ce pays est une partie de moi», a-t-il insisté mercredi, en truffant ses interventions d'expressions en indonésien, une langue qu'il avait un peu apprise lors de ses quatre années à Jakarta à la fin des années 1960.

Le président américain a déploré que l'Indonésie, quatrième pays le plus peuplé au monde, soit si mal connu et apprécié à l'étranger, en dehors «des îles de Bali et de Java».

Or, cet immense archipel, vibrante démocratie depuis 1998, peut être «une source d'inspiration» pour le monde.

«Même si ce pays de mon enfance a beaucoup changé (...) l'esprit de tolérance qui est inscrit dans la constitution et symbolisé par vos mosquées, églises et temples, perdure», a-t-il salué lors d'un discours devant quelque 6000 personnes enthousiastes à l'Université d'Indonésie. «C'est pour cela que l'Indonésie jouera un rôle si important au cours du XXIè siècle».

Près de 90% des 240 millions d'Indonésiens sont musulmans. La plupart d'entre eux pratiquent un islam modéré mais des organisations radicales défendent l'instauration de la «charia» (loi islamique), certaines d'entre elles par la violence.

Il a cité l'exemple donné par son beau-père, qui avait épousé sa mère rencontrée à Hawaï après sa séparation d'avec son père kenyan. «Bien que mon beau-père ait été, comme la plupart des Indonésiens, élevé comme musulman, il croyait fermement que toutes les religions devaient être respectées».

Accompagné de son épouse Michelle, les cheveux dissimulés par un foulard, M. Obama a visité dans la matinée la mosquée Istiqlal, un bâtiment monumental dessiné par un architecte chrétien en plein centre de la capitale.

Des responsables religieux ont salué ce geste. «Je suis vraiment fier qu'il soit venu. De nombreux jeunes Indonésiens considèrent l'Amérique comme un ennemi. Cette visite devrait leur permettre de changer d'opinion», a espéré Horizi Achmad Mawardi, un professeur de théologie de 53 ans.

M. Obama a affirmé que la lutte contre l'extrémisme n'était «pas de la responsabilité de la seule Amérique». «Ceux qui veulent construire ne doivent pas céder face aux terroristes qui cherchent à détruire», a-t-il dit, en citant Al-Qaïda.

«Nous devons tous battre Al-Qaïda et ses affiliés, qui n'ont aucun titre à être les leaders d'aucune religion, certainement pas une grande, une religion mondiale comme l'islam», a encore lancé Barack Obama.

Il a estimé que les États-Unis étaient «sur la bonne voie» depuis son discours prononcé au Caire en 2009 dans lequel il avait plaidé «pour un nouveau départ» avec le monde musulman. «Un seul discours ne peut mettre fin à des années de défiance (...) Mais nous avons fait des progrès, même si nous avons encore beaucoup de travail».

Le président américain a réaffirmé sa détermination à «faire tout son possible» pour surmonter «les immenses obstacles (qui) demeurent» dans la recherche de la paix entre Israéliens et Palestiniens.

Après l'Inde et l'Indonésie, M. Obama devait arriver dans la soirée en Corée du Sud pour un sommet du G20 qui s'annonce délicat en raison des nombreuses critiques sur la politique monétaire américaine.

Il se rendra ensuite au Japon, ultime étape de sa tournée de huit jours en Asie.