Le président américain Barack Obama a appelé dimanche l'Inde et le Pakistan à travailler ensemble pour résoudre leurs différends, soulignant que New Delhi avait le plus grand intérêt à la réussite de son rival dans la lutte contre l'extrémisme, jugée toutefois trop lente.

Le Pakistan progresse contre le «cancer» de l'extrémisme mais «pas aussi vite que nous le voudrions», a-t-il déclaré lors d'une visite à Bombay, victime d'attentats en novembre 2008 perpétrés par un groupe islamiste basé au Pakistan qui avaient fait 166 morts.

Le seul survivant du commando de dix hommes lourdement armés a déclaré qu'ils avaient été recrutés, entraînés et équipés par le mouvement Lashkar-e-Taïba (LeT), avec un soutien de certains membres des services de renseignement et de l'armée du Pakistan.

Tout en soulignant que les Etats-Unis «ne pouvaient pas imposer» un partenariat entre les deux pays, qui se sont mené trois guerres depuis leur indépendance concomitante en 1947, Obama a ajouté que l'Inde, à la croissance rapide, avait le plus intérêt à la réussite de son frère ennemi.

«Mon espoir est qu'avec le temps la confiance se développe entre les deux pays, que le dialogue commence peut-être sur moins de questions controversées pour aller vers des questions plus controversées», a-t-il déclaré.

«Je suis absolument convaincu que le pays qui a le plus grand intérêt au Pakistan est l'Inde», a-t-il affirmé devant des étudiants de l'université St Xavier à Bombay.

«Si le Pakistan est stable et prospère, c'est meilleur pour l'Inde (...) parce que l'Inde évolue vite, et vous savez, c'est absolument dans votre intérêt», a-t-il insisté.

New Delhi et Islamabad avaient entamé un difficile processus de paix en 2004 mais après les attentats de Bombay, l'Inde a gelé les discussions.

Depuis près d'un an et sous la pression de Washington qui cherche une stabilité régionale, de hauts responsables se sont de nouveau rencontrés pour tenter de remettre le dialogue sur les rails.

Obama a entamé samedi sa visite de trois jours en Inde en rendant hommage aux victimes des attentats de Bombay devant l'un des sites qui avaient été attaqués, l'hôtel Taj Mahal, mais sans condamnation du Pakistan, ce qui a provoqué dimanche des commentaires déçus dans la presse indienne.

Washington continue de maintenir une difficile alliance antiterroriste avec le Pakistan, qui est soupçonné de financer des groupes extrémistes ciblant New Delhi, notamment via sa présence en Afghanistan.

Alors qu'aucune question n'a été posée sur le Cachemire par les étudiants, une figure du séparatisme a appelé dimanche Obama à intervenir sur cette région disputée avec le Pakistan, jugeant qu'il aiderait ainsi à éliminer le déficit de confiance entre les Etats-Unis et le monde musulman.

L'Inde est farouchement opposée à toute intervention extérieure concernant le conflit et Obama avait provoqué la colère lorsqu'il avait suggéré, avant d'arriver au pouvoir, une médiation des Etats-Unis dans cette région à majorité musulmane.

Au lendemain de l'annonce d'accords commerciaux, les médias saluaient dimanche un resserrement des liens entre New Delhi et Washington, considérés comme le reflet du dynamisme de la croissance économique indienne.

Obama a annoncé samedi pour 10 milliards de dollars d'accords avec l'Inde qui devraient créer 50.000 emplois américains, quelque jours après la défaite de son camp aux législatives de mi-mandat dans lesquelles l'état de l'économie américaine a été l'un des premiers motifs de mécontentement électoral.

Le président est arrivé dans l'après-midi à New Delhi pour le volet officiel de sa visite.