Environ 4000 personnes ont manifesté samedi à Tokyo contre la Chine, au lendemain de la divulgation sur internet d'une vidéo montrant la collision entre un chalutier chinois et les garde-côtes japonais début septembre en mer de Chine orientale.

Brandissant des drapeaux impérialistes à l'emblême du «Soleil Levant», les manifestants, rassemblés dans un lieu de concert en plein air au centre de la capitale, ont écouté l'hymne national avant d'assister à la diffusion en boucle du film des garde-côtes nippons mis en ligne illégalement.

Soucieux de ne pas rajouter de l'huile sur le feu dans ses relations déjà tendues avec Pékin, le gouvernement japonais a toujours refusé de divulguer cette vidéo qui semble attester que le chalutier chinois a délibérément percuté les garde-côtes le 7 septembre autour d'îles administrées par le Japon, mais revendiquées par la Chine et Taïwan.

«Après avoir vu la vidéo, je suis convaincue qu'il s'agissait d'un acte de terrorisme», a déclaré Masumi Yokuni, 30 ans, qui était vêtue d'un kimono traditionnel. «Nous devons agir contre quiconque tente de s'en prendre à notre territoire», a-t-elle ajouté.

Les manifestants ont ensuite défilé dans les rues des quartiers d'affaires et de commerces proches du Palais Impérial, mais aucune interpellation n'a été rapportée, a indiqué la police.

Les autorités ont confirmé que la vidéo placée vendredi sur le site de partage YouTube était bien celle filmée par les garde-côtes, a indiqué le journal Yomiuri dans son édition du soir.

Le capitaine du chalutier chinois avait été arrêté le 8 septembre, mais devant le déferlement de protestations, de menaces et de représailles de la Chine, le Japon l'avait finalement libéré le 24 septembre.

À Pékin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a une nouvelle fois accusé le Japon d'être responsable de l'incident. «La prétendue vidéo ne peut pas changer les faits et ne peut pas dissimuler l'illégalité de l'action du Japon.»

La Chine affirme que ces îles inhabitées, appelés Senkaku en japonais et Diaoyu en chinois, lui appartiennent et que ses pêcheurs ont donc le droit d'y pêcher. Leurs eaux sont très poissonneuses et leurs fonds marins pourraient renfermer des hydrocarbures.

La tension reste vive entre les deux géants asiatiques et les tentatives pour organiser un sommet entre leurs dirigeants ont jusqu'ici échoué.

Tokyo espère que l'occasion se présentera lors du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec) à la mi-novembre à Yokohama, près de Tokyo, auquel doit en principe assister le président chinois Hu Jintao.

«La souveraineté du Japon est menacée», a affirmé devant les manifestants Yuriko Koike, ancienne ministre de la Défense et membre influente du Parti Libéral-Démocrate (opposition). «Nous voulons partager ce sentiment de crise avec vous tous.»

Toshio Tamogami, ancien chef d'État-major des Forces d'autodéfense aériennes (nom officiel de l'armée japonaise), a estimé qu'il fallait que le Japon «parle franchement à la Chine». «Sinon, nous ne pourrons pas maintenir nos relations d'égal à égal», a-t-il dit, ajoutant: «Il est temps de mettre un terme à la pratique qui consiste à essayer d'éviter les ennuis en les reportant».