Les autorités indonésiennes ont ordonné mercredi l'évacuation de plusieurs milliers d'habitants après une nouvelle éruption du volcan Merapi, plus violente que celle qui avait tué 36 personnes la semaine dernière.

«C'est la plus forte éruption jusqu'à présent, la plus spectaculaire. Elle a duré environ deux heures à partir de 14h27 (3h27 heure de Montréal)», a indiqué Surono, le responsable de la surveillance du volcan.

«Nous avons décidé de porter la limite de la zone dangereuse à 15 km au lieu de 10 km jusqu'à présent; les camps de réfugiés doivent être déplacés hors de cette zone interdite», a précisé le sismologue à l'AFP.

Plus de 70 000 personnes sont déjà accueillies dans plusieurs centres temporaires ouverts après l'éruption du 26 octobre, marquée par des nuages de fumées toxiques s'élevant à plusieurs kilomètres au-dessus du cratère du volcan, qui culmine à 2914 m, et par des écoulements pyroclastiques le long de ses pentes.

Dans la soirée, des soldats et des policiers ont commencé à évacuer quelque 3000 habitants du village de Cangkringan. «Des camions sont prêts à les déplacer immédiatement dans un camps à l'abri. Mais nous devons faire preuve de persuasion pour éviter toute panique», a indiqué Bambang Sugeng, de la Croix Rouge.

La nouvelle éruption a en effet renforcé l'anxiété de ces réfugiés, pour la plupart des paysans ayant dû abandonner leurs maisons, leurs cultures et leurs bêtes, a constaté un correspondant de l'AFP.

Les fortes explosions provenant du cratère ont «provoqué le chaos» et «des centaines de personnes ont pris la fuite, paniquées, du camp de réfugiés de Glagaharjo, à dix km du volcan», a témoigné Anwar, un secouriste. «Certains pleuraient et criaient».

Cette éruption est intervenue peu après la visite du président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono sur les lieux, à la rencontre des secouristes et des personnes évacuées, dont certaines souffrent de problèmes respiratoires en raison des fumées. Il leur a demandé d'être patients, prévenant qu'il y aurait «de nouvelles éruptions», et a promis que l'État allait participer à la reconstruction des habitations détruites par l'éruption du 26 octobre.

Le volcan est situé au milieu d'une région densément peuplée du centre de l'île de Java, avec plus d'un million de personnes habitant dans ses environs. Il entre en éruption tous les quatre ou cinq ans et près de 70 éruptions ont été recensées depuis le milieu du XVIe siècle, dont certaines dévastatrices, comme en 1930 (1400 morts) et 1994 (60 morts).

Les autorités avaient appelé mardi les compagnies aériennes à utiliser des routes alternatives afin d'éviter à leurs avions de survoler les environs du volcan. Des milliers de pélerins musulmans en partance pour La Mecque ont également reçu l'ordre d'embarquer d'un autre aéroport, éloigné de quelque 200 km du volcan.

Cette éruption est l'une des deux catastrophes ayant frappé l'Indonésie depuis la semaine dernière. Un tsunami provoqué par un séisme de magnitude 7,7 a causé la mort de plus de 400 personnes sur les îles Mentawaï, au large de Sumatra, où quelque 15 000 insulaires ont perdu leurs habitations, selon les autorités.