La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a réclamé lundi à Phnom Penh que justice soit rendue sur les atrocités commises par les Khmers rouges, alors que le Premier ministre cambodgien s'oppose à un troisième procès international d'anciens responsables du régime.

Mme Clinton a visité le musée du génocide, dans les bâtiments de Tuol Sleng, l'ex-prison des Khmers rouges dans la capitale où ont été torturées quelque 15 000 personnes avant d'être exécutées.

«Les pays prisonniers de leur passé ne brisent jamais ces chaînes pour construire l'avenir que leurs enfants méritent», a-t-elle déclaré. «J'ai été très fière de voir dès le début la volonté de votre pays de faire face à ce passé avec courage et honnêteté».

«Le travail du tribunal est douloureux mais nécessaire pour assurer une paix durable».

Lors de son premier procès, le tribunal international parrainé par l'ONU a condamné en juillet «Douch», l'ex-chef de Tuol Sleng, à trente ans de prison. Le mois dernier, quatre autres anciens hauts responsables ont été renvoyés devant le tribunal pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

Mais le Premier ministre cambodgien Hun Sen, lui-même ancien Khmer rouge, a déclaré la semaine dernière lors de la visite du secrétaire général de l'ONU qu'«une troisième affaire ne serait pas autorisée», alors que cinq individus sont visés par de nouvelles enquêtes du tribunal.

La secrétaire d'État a semblé lundi soutenir ces poursuites dans le message laissé dans le livre d'or du musée.

«En mémoire de la souffrance tragique du peuple du Cambodge et dans l'espoir qu'il y aura un avenir de paix, de prospérité et de plus grande sensibilisation à ce qui doit être fait pour faire avancer ce pays, y compris des procès, (l'établissement) des responsabilités et la réconciliation», a-t-elle écrit.

Environ deux millions de Cambodgiens, soit un quart de la population, sont morts sous la torture, d'épuisement ou de malnutrition avant que les Khmers rouges ne soient renversés par les forces vietnamiennes.

Mme Clinton, qui doit rencontrer Hun Sen dans la journée, devait également «souligner l'importance d'une opposition crédible et du respect des droits de l'Homme» dans le pays, a indiqué l'ambassade américaine.