Le parti nationaliste Ata-jourt était en tête de résultats serrés à l'issue des législatives de dimanche au Kirghizistan, selon des résultats partiels publiés après dépouillement de 50% des bureaux de vote.

Ce parti farouchement opposé aux aspirations des minorités ethniques du pays obtenait 8,9% des suffrages, suivi du Parti social-démocrate SDKP avec 8,4%, du parti Ar-Namys de l'ex-Premier ministre pro-russe Felix Koulov (6,9%), du parti Respublika (6,8%) et du parti de centre-gauche Ata-Meken avec 6,1%.

Seuls ces 5 partis sur 29 qui étaient en lice passent la barre des 5% nécessaires pour entrer au Parlement, selon ces résultats portant sur 1169 bureaux sur 2333.

Un sondage de sortie des bureaux de vote, publié après la clôture du vote à 20H00, avait d'abord fait état d'une possible victoire du parti Ar-Namys de Felix Koulov avec plus de 22% des suffrages, devançant le SDKP avec 20,7%.

«Je suis sûr de la victoire de mon parti», a déclaré M. Koulov, prévoyant d'ores et déjà d'être promu Premier ministre de ce pays de 5,3 millions d'habitants.

M. Koulov, soutenu par Moscou, est un ancien général qui plaide pour le retour à l'ordre et à un régime présidentiel fort.

Les partis de centre-gauche SPDK et Ata-Meken soutiennent de leur côté le gouvernement provisoire mis en place après le renversement sanglant (87 morts) en avril du régime du président Kourmanbek Bakiev.

Ce pouvoir intérimaire a fait adopter en juin une nouvelle Constitution qui supprime le système présidentiel, en vigueur dans les autres pays de la région, au bénéfice du Parlement.

Cette réforme, vouée à faire du Kirghizistan la première démocratie parlementaire d'Asie centrale, a été saluée par les États-Unis mais vertement critiquée par la Russie qui estime qu'elle favorise l'extrémisme et la dislocation du pays.

«Aucun parti ne va avoir la majorité (absolue) des voix au Parlement, le Kirghizistan va avoir pour la première fois un gouvernement de coalition», a déclaré Omourbek Tekebaïev, le leader d'Ata-Meken.

«C'est une journée historique pour le Kirghizistan», avait estimé dimanche matin la présidente par intérim Rosa Otounbaïeva, après avoir glissé son bulletin dans l'urne.

Ex-république soviétique très pauvre, mais située à un point stratégique qui lui vaut d'accueillir des bases militaires tant russe qu'américaine, le Kirghizistan sort d'une longue période d'instabilité, marquée aussi par des violences interethniques dans le sud qui ont fait entre 400 et 2 000 morts selon les sources.

Le parti nationaliste Ata-Jourt, farouchement opposé aux aspirations des minorités ethniques du pays, est visé par une enquête judiciaire pour incitation à la haine raciale après ces violences qui ont frappé en majorité des membres de la minorité ouzbèke.

Dans une adresse télévisée à la nation samedi, Mme Otounbaïeva avait mis en garde contre toute tentative de «déstabilisation» pendant ou après le scrutin.

Les résultats définitifs seront connus dans deux ou trois jours, a indiqué la commission électorale.