Le Kirghizistan achevait les derniers préparatifs aux législatives en vue d'établir la première démocratie parlementaire en Asie centrale, un scrutin dimanche sous haute tension dans un pays en proie à des violences depuis la révolution d'avril.

Ex-république soviétique très pauvre, mais située à un point stratégique qui lui vaut d'accueillir des bases militaires tant russe qu'américaine, ce pays de 5,3 millions d'habitants sort d'une révolution qui a renversé en avril le régime en place depuis 2005.

Une nouvelle Constitution a été adoptée en juin, qui supprime le système présidentiel, en vigueur dans les autres pays de la région, au bénéfice du Parlement.

Vingt-neuf partis sont en lice pour ce scrutin sous haute tension.

«Nous faisons tout pour que ces élections se déroulent bien. Ce sont des élections historique pour nous et nous les mènerons à bien. Elles sont très ouvertes, elles seront réussies», a assuré la présidente Rosa Otounbaïeva à la presse.

Mme Otounbaïeva a été placée à la tête du pays, jusqu'au 31 décembre 2011, à la suite du soulèvement d'avril qui a renversé l'ex-président Kourmambek Bakiev, au pouvoir depuis 2005.

Ce soulèvement, qui avait fait 87 morts, suivi de violences ethniques sanglantes dans le sud du pays, ont fait craindre de nouvelles violences avec ces élections.

Mme Otounbaïeva a souligné avoir mobilisé toutes les structures publiques et privées disponibles pour assurer le déroulement pacifique du vote, dans un entretien publié jeudi par le quotidien russe Izvestia.

«Non seulement la police, mais les agences de sécurité privées, les sociétés de chasseurs et même les chauffeurs de taxi ont été mobilisés», a-t-elle déclaré.

Selon des sondages, au moins six des 29 partis en lice ont une chance de passer la barre des 5% nécessaires à une entrée dans ce Parlement de 120 sièges. Parmi eux, deux partis de centre-gauche soutenant le gouvernement intérimaire, Ata-Meken et le Parti social-démocrate du Kirghizistan (SDPK), figurent en bonne position.

Le mouvement Ar-Namys de l'ex-premier ministre Felix Koulov, soutenu par Moscou et présenté sur ses affiches électorales comme «le bouclier de fer de la loi» devrait aussi obtenir un bon résultat.

Cet ancien général et ex-prisonnier politique, qui prône le retour à un régime présidentiel fort, a été récemment reçu par le président russe Dmitri Medvedev.

Il a fait vendredi une démonstration de force en menant près de Bichkek un rassemblement de dizaines de partisans à cheval, portant des bannières de son parti.

Le parti nationaliste Ata-Jourt, farouchement opposé aux aspirations des minorités ethniques du pays, a aussi redoublé d'activité et devrait être représenté à l'assemblée.

Le siège du parti a été attaqué mercredi à Bichkek par des manifestants qui y ont mis le feu.

Une percée de cette formation laisse craindre un retour aux violences dans le Sud, où la minorité ouzbèke représente par endroits la moitié de la population. Cette ethnie a été la principale victime des violences de juin qui ont fait entre 400 et 2000 morts, selon des sources.

«Je ne sais pas pour qui voter, 29 partis c'est trop. Je ne connais pas leur leaders, ni leurs programmes. À la télévision ils promettent tous un paradis ici», a dit Raïssa Smirnova, une retraitée de 74 ans.