Trois personnes ont été tuées et plusieurs blessées dans l'explosion d'une bombe dans un immeuble près de Bangkok, a indiqué la police mardi soir, quelques heures après la prolongation de l'état d'urgence dans et autour de la capitale.

L'engin a explosé aux alentours de 18h00 (7h00 HNE) au deuxième étage d'un immeuble d'habitations qui en comptait cinq, dans la province de Nonthaburi, au nord de Bangkok. Les vitres ont été soufflées et des bâtiments proches ont aussi été endommagés.

«Il s'agissait certainement d'une bombe», a indiqué le porte-parole de la police nationale, le général Prawut Tawornsiri.

Le gouvernement a reconduit mardi matin pour trois mois supplémentaires l'état d'urgence en vigueur depuis le 7 avril dans la capitale et dans trois provinces alentours, dont celle de Nonthaburi.

«Le gouvernement veut donner aux autorités plus d'outils pour gérer la situation, qui est susceptible de se détériorer», a expliqué à l'AFP le ministre de la Défense, le général Prawit Wongsuwon.

La décision est intervenue en l'absence du premier ministre, Abhisit Vejjajiva, qui participe cette semaine à un sommet Asie-Europe à Bruxelles et a confié la gestion des affaires courantes à son vice-premier ministre Suthep Thaugsuban.

La bombe a semble-t-il explosé dans une chambre, a ajouté le porte-parole de la police, sans préciser si l'explosion avait été planifiée à ce moment précis ou si elle avait été initialement prévue pour plus tard.

«Nous ne pouvons dire pour le moment de quel type de bombe il s'agissait (...). Mais c'était une grosse bombe car elle a fait des dégâts sur une superficie importante», a-t-il dit.

Le bilan pourrait s'alourdir, a-t-il encore précisé. Les autorités ont trouvé trois corps et ont arrêté les recherches jusqu'au lever du jour, de peur que le bâtiment ne s'effondre.

Plusieurs bombes de faible puissance et grenades ont explosé à Bangkok ces dernières semaines, le plus souvent sans faire de victimes, relançant le débat sur le maintien de l'état d'urgence, qui donne des pouvoirs accrus aux forces de l'ordre et leur permet de détenir des suspects sans mandat judiciaire pendant 30 jours.

L'opposition a évoqué une conspiration du pouvoir pour justifier des mesures d'exception après les manifestations des «chemises rouges», entre mars et mai dernier, qui visaient à faire chuter M. Abhisit et à obtenir des élections anticipées.

La crise, la plus grave qu'ait connue la Thaïlande moderne, avait fait au total 91 morts et 1 900 blessés, aggravant le fossé qui sépare les «rouges», représentant les masses rurales et urbaines défavorisées du royaume, et les élites de Bangkok, autour du palais royal, de l'armée et de la magistrature.

Quelque 6 000 chemises rouges s'étaient rassemblées à Bangkok le 19 septembre, quatre mois après l'assaut militaire contre leur camp retranché dressé dans la capitale, et quatre ans après le coup d'État militaire contre l'ex-premier ministre et idole des rouges Thaksin Shinawatra, aujourd'hui en exil.

M. Abhisit a dévoilé une feuille de route vers la «réconciliation» qui n'a pour l'instant produit aucun résultat concret et ne rencontre pas d'adhésion réelle de l'opposition.

Le pouvoir est sous pression des États-Unis et de certaines organisations de défense des droits de l'Homme pour lever l'état d'urgence. Ils dénoncent le muselage des médias et l'arrestation de centaines de suspects depuis le mois de mai.