Il est en première page, pour la première fois. La presse nord-coréenne a publié jeudi les premières photos officielles de Kim Jong-Un, plus jeune fils du «cher dirigeant» Kim Jong-Il, désormais dauphin probable et futur chef du régime autoritaire, nucléaire et héréditaire de Pyongyang.

Deux jours après la fin du plus grand rassemblement du Parti des travailleurs en 30 ans pour élire de nouveaux dirigeants, l'édition de jeudi du Rodong Sinmun, principal journal du pays, a publié une photo de groupe prise devant le mémorial où repose le cadavre embaumé du fondateur du régime, Kim il Sung. Le jeune Kim, visage grave, y figure en bonne position.

Selon Lee Jong-joo, porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification, qui gère les relations avec Pyongyang, jamais une photo de Kim Jong Un n'avait été publiée jusqu'ici.

La télévision publique a ensuite diffusé des vidéos de la réunion du parti mardi, où l'on peut voir le jeune Kim Jong Un, au premier rang, en train d'applaudir.

Des images qui sont venues confirmer ce que les analystes du très fermé régime de Pyongyang anticipaient depuis deux ans: le troisième et plus jeune fils du leader actuel, qu'on pense âgé de 27 ou 28 ans, a été désigné pour succéder à son père, le pouvoir nord-coréen confirmant son caractère héréditaire, avec l'entrée en scène de la troisième génération des Kim.

Pour Cheong Seong-chang, expert en politique nord-coréenne à l'Institut Sejong de Séoul, cette photo marque un important changement dans la manière dont le pays va être dirigé. «Désormais, Kim Jong Un va gérer les affaires intérieures, et Kim Jong Il se chargera des grands dossiers (...) se contentant d'un rôle de conseil pour le reste», a-t-il estimé.

«À partir de maintenant, nous allons voir et entendre parler de plus en plus de Kim Jong Un, et pas tant de Kim Jong Il».

Mardi, le jeune Kim avait été promu au rang de général quatre étoiles de l'armée nord-coréenne, confirmant que le jeune homme d'une vingtaine d'années a été choisi pour succéder à son père. C'était la première fois que le nom de Kim Jong Un était cité par un média officiel. Outre son nouveau grade, il a également été élu mercredi au comité central du parti et à la commission nationale de la défense.

Âgé de 68 ans et aujourd'hui considéré comme très malade, Kim Jong Il a pris le contrôle de la Corée du Nord à la mort de son père, Kim Il Sung, en 1994.

C'est il y a 30 ans, à l'occasion d'un précédent Congrès du Parti des travailleurs de la même ampleur que celui qui vient de s'achever, que Kim Jong Il avait fait ses débuts, à l'âge de 38 ans. Sa présence avait alors été considérée comme une confirmation qu'il finirait par succéder à son père.

Aujourd'hui, sa soeur, Kim Kyong-Hui, a également été promue au rang de général. Elle est l'épouse de Jang Song-Thaek, l'homme considéré comme le plus puissant du régime après Kim Jong-Il en tant que premier vice-président de la Commission nationale de la défense. Le couple devrait être chargé d'assister le jeune Kim dans sa montée vers le sommet du pouvoir.

Kim Jong Un, qui a fait ses études en Suisse, a deux frères aînés, Jong Nam et Jong Chol. Mais selon les mémoires de Kenji Fujimoto, qui fut chef chargé de préparer les sushis au palais de Pyongyang pendant plus de dix ans, c'est le plus jeune qui ressemble le plus à son père: impitoyable et doté d'un féroce esprit de compétition, même quand il était enfant.

La presse officielle nord-coréenne n'a pour l'instant publié aucune information biographique sur le jeune Kim, et n'a pas non plus précisé qu'il était le fils de son père, auquel il ressemble physiquement beaucoup.

Photo: Reuters

Kim Jong-Un apparaît à gauche sur cette photo prise à Pyongyang, l'une des premières images diffusées par les médias nord-coréens.