Le Japon va demander à la Chine de payer les dommages causés à ses deux patrouilleurs par une collision avec un chalutier chinois le 7 septembre, a annoncé lundi le porte-parole du gouvernement nippon, marquant une nouvelle étape de la crise diplomatique entre les deux pays.

«Je pense que le Japon devra demander que les deux navires soient réparés» des dégâts subis, a déclaré Yoshito Sengoku lors d'une conférence de presse, évoquant le dépôt d'une requête officielle auprès des autorités chinoises.

Cette réclamation sonne comme une réponse à la demande d'excuses et de compensation formulée par la Chine au Japon, samedi, pour la détention pendant 16 jours du capitaine chinois du chalutier. Le premier ministre japonais Naoto Kan en personne a rejeté cette revendication dimanche.

La collision entre le bateau de pêche chinois et les deux patrouilleurs des garde-côtes japonais, intervenue au large d'îlots contrôlés par le Japon mais revendiqués aussi par la Chine, a provoqué la plus grave crise diplomatique entre les deux pays depuis 2006.

Le capitaine du chalutier a été détenu pendant 16 jours par la justice japonaise, avant d'être libéré vendredi puis renvoyé chez lui, après une série de pressions politiques et économiques exercées par la Chine à l'encontre du Japon.

Autre manifestation des tensions bilatérales, quatre Japonais interpellés récemment en Chine restaient aux mains des autorités chinoises. Ils sont soupçonnés d'être entrés sans autorisation dans une zone militaire de la province du Hebei (nord) et d'avoir filmé illégalement des installations sensibles.

«La balle est dans le camp de la Chine», a estimé le porte-parole nippon à ce sujet. «Il faut que la Chine prenne en compte de nombreux éléments depuis que le problème a été résolu avec la libération» du capitaine, a-t-il ajouté.

L'élargissement de l'officier marin-pêcheur chinois, décidé par un procureur d'Okinawa (sud du Japon), a suscité les critiques de l'opposition conservatrice japonaise, laquelle accuse le pouvoir de centre-gauche d'avoir cédé aux pressions chinoises.

Pendant la détention du capitaine, le gouvernement nippon a répété que l'officier serait traité conformément à la loi japonaise, mais le procureur d'Okinawa a justifié vendredi sa libération au vu «des conséquences (...) sur les relations entre le Japon et la Chine».

Parmi les diverses mesures de rétorsion contre le Japon lancées depuis le début de la crise, la Chine est soupçonnée d'avoir bloqué ses exportations de matières dites «terres rares», des ressources minérales stratégiques notamment pour les secteurs de l'électronique et de l'automobile. La Chine fournit au moins 95% des éléments «terres rares» dans le monde.

Les autorités japonaises n'ont pas officiellement confirmé cet embargo mais des maisons de commerce nippones ont assuré ne plus pouvoir acheter ces précieuses substances, malgré les démentis de Pékin.

Selon le journal de droite japonais Yomiuri Shimbun, les douanes chinoises ont en outre nettement renforcé leurs inspections sur les marchandises nippones à l'importation comme à l'exportation, provoquant depuis la semaine dernière un allongement des délais de transit.