Le gouvernement indien a affiché samedi sa volonté d'entamer un «dialogue soutenu» au Cachemire pour mettre fin à la vague meurtrière de violences qui a embrasé cet État du Nord de l'Inde.

Ce dialogue est l'un des huit points d'un programme esquissé samedi par le ministre de l'Intérieur, P. Chidambaram, devant des journalistes à New Delhi.

Il s'était rendu plus tôt dans la semaine avec une délégation de 37 responsables politiques indiens dans le Cachemire, État en majorité musulman, secoué quotidiennement par des violences anti-indiennes depuis juin.

«Le gouvernement indien va nommer un groupe d'interlocuteurs dirigé par une personnalité éminente pour entamer un processus de dialogue soutenu» avec un large éventail de Cachemiris incluant les groupes politiques et les organisations de jeunesse, a expliqué le ministre sans divulguer la composition du groupe.

C'est la première initiative majeure entreprise par le gouvernement indien pour apaiser les tensions au Cachemire, où 107 civils ont été tués depuis juin dans des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre.

La majorité de ces victimes, des jeunes, sont mortes sous les balles des policiers et des militaires. Il s'agit des troubles les plus graves dans cette région depuis le début d'une rébellion séparatiste armée dans les années 1980.

Le gouvernement fédéral du Premier ministre Manmohan Singh a été accusé dans les médias indiens d'avoir laissé s'aggraver les tensions.

M. Chidambaram a annoncé qu'il allait faire libérer immédiatement 255 étudiants et jeunes arrêtés pour avoir jeté des pierres sur les forces de l'ordre au cours des affrontements.

Le gouvernement va également réduire le déploiement des forces de sécurité, en particulier les nombreux postes de contrôle qui irritent la population locale, dans l'État du Jammu-et-Cachemire, et à Srinagar, la capitale d'été de cet État hautement militarisé, a précisé le ministre.

Il s'est également engagé à réduire le nombre des zones classées «sous tension», une catégorie qui donne de larges pouvoirs aux forces de l'ordre pour ouvrir le feu, arrêter des suspects et confisquer des biens, aux termes d'une loi dite des Pouvoirs spéciaux des forces armées.

«Nous pensons que ces démarches devraient répondre aux préoccupations de différentes parties de la société du Jammu-et-Cachemire, y compris des protestataires», a conclu M. Chidambaram.

Un dirigeant séparatiste modéré, Yasin Malik, a déclaré que ces propositions allaient être examinées «en détail» avant toute prise de position.

«Aucune de nos demandes n'a été prise en considération par le gouvernement indien, dont la plus importante, à savoir la reconnaissance du Jammu-et-Cachemire en tant que territoire contesté», a en revanche affirmé le leader de la ligne radicale des séparatistes, Syed Ali Shah Geelani, organisateur des manifestations, cité par l'agence PTI.

Le Cachemire indien est le théâtre depuis trois mois de violentes manifestations contre l'administration de New Delhi, provoquées par la mort le 11 juin d'un étudiant de 17 ans, tué par une grenade lacrymogène lancée par la police.

Depuis, le Jammu-et-Cachemire, secoué par des manifestations et des grèves, a été soumis à des couvre-feux à répétition, ce qui a exacerbé l'agacement de la population locale, particulièrement des jeunes descendus en masse dans les rues.

La région himalayenne du Cachemire, divisée entre l'Inde et le Pakistan, a été l'objet de deux des trois guerres que se sont livré ces deux pays rivaux depuis leur indépendance en 1947. New Delhi estime que la vague de violence est alimentée par le Pakistan.