Treize personnes, pour la plupart des manifestants, ont été tuées lundi au Cachemire indien, territoire à majorité musulmane, lors de la journée la plus meurtrière depuis le début d'un mouvement de protestation contre l'autorité de New Delhi il y a 3 mois, selon la police.

Les dernières manifestations séparatistes ont été marquées par un regain de violences à la suite de la diffusion d'images montrant un groupuscule chrétien en train de déchirer quelques pages du Coran samedi à Washington, devant la Maison-Blanche, a précisé la police.

Un policier et cinq manifestants ont été tués dans de violents affrontements dans le district de Budgam (centre). Cinq autres personnes ont trouvé la mort dans le village de Tangmarg (ouest) où une foule a incendié une école religieuse chrétienne, ont indiqué à l'AFP des responsables de la police locale.

Un autre homme a été tué dans le district de Bandipora (nord) lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants qui jetaient des pierres et scandaient des slogans en faveur de l'indépendance du Cachemire. Une personne a également été tuée à Pampore (sud).

Le dirigeant séparatiste Syed Ali Geelani, qui a organisé des grèves et des manifestations, a lancé un appel au calme lundi. «Nous condamnons fortement ceux qui ont incendié un école religieuse», a-t-il dit. «Je demande aux musulmans de protéger les membres de la minorité et ses lieux de culte. Nous devons à tout prix maintenir la vieille harmonie commune et la fraternité pour laquelle le Cachemire est connu dans le monde entier».

Les violences sont intervenues au moment où le gouvernement s'est réuni lundi soir pour décider de l'opportunité de lever partiellement l'état d'urgence dans quatre districts du Cachemire, décidé il y a vingt ans, afin de tenter de faire baisser la tension et mettre fin aux manifestations.

Le Jammu et Cachemire est le seul État de l'Union indienne où la population est majoritairement musulmane. L'autre partie du Cachemire est contrôlée par le Pakistan.

La partie indienne est le théâtre depuis vingt ans d'une insurrection contre l'administration de New Delhi qui a fait plus de 47 000 morts depuis 1989, selon des chiffres officiels.

Les forces de sécurité indiennes luttent depuis trois mois pour contenir les violences provoquées par la mort d'un étudiant de 17 ans tué par la police le 11 juin lors d'une manifestation séparatiste.

Ces deux derniers mois, 70 personnes ont été tuées, la plupart par les forces de sécurité qui ont ouvert le feu sur des manifestants.

Selon un sondage publié dimanche, environ deux tiers des habitants du Cachemire indien veulent l'indépendance de leur région, et moins d'un sur dix souhaite être rattaché au Pakistan.