Au moins 19 personnes, dont quatre enfants, ont péri et 45 ont été blessées lundi dans un attentat suicide contre un poste de police au Pakistan, où les talibans alliés à Al-Qaïda intensifient leur campagne qui a déjà tué plus de 3700 personnes en trois ans.

«Un kamikaze au volant d'un véhicule piégé a frappé à l'arrière du poste de police» de Lakki Marwat, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, non loin des zones tribales du nord-ouest, bastion des talibans, a déclaré par téléphone à l'AFP Gul Wali Khan, chef de la police du district.

«Dix-neuf personnes ont été tuées dans cet attentat suicide», a déclaré le ministre de l'Information de la province, Kian Iftikhar Hussain, s'adressant à la presse à Peshawar, la plus grande ville du nord-ouest du Pakistan.

L'hôpital principal du district, qui jouxte le poste de police, a lui aussi été endommagé.

Neuf policiers et quatre écoliers qui attendaient leur autobus figurent parmi les personnes tuées, a déclaré à l'AFP par téléphone Iftikhar Ahmad, un officier de la police locale.

Quarante-cinq blessés ont été hospitalisés, a déclaré le docteur Ghulam Ali, directeur de l'hôpital du district.

Dans la soirée, une bombe rudimentaire a explosé devant une maison à Peshawar, blessant légèrement une personne, a indiqué la police.

Et deux bombes de faible puissance ont explosé à Lahore, grande ville de l'est du Pakistan, sans faire de victimes, selon la police locale. L'une avait été posée devant les bureaux de l'équipe de déminage et l'autre sous la voiture d'un policier.

Plus de 3700 personnes ont été tuées en un peu plus de trois ans dans tout le pays dans quelque 400 attentats, suicide pour la plupart, perpétrés essentiellement par le Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP) qui a fait allégeance à Al-Qaïda ou par des groupes islamistes alliés.

Ces insurgés reprochent à Islamabad son alignement sur Washington dans la «guerre contre le terrorisme» et visent régulièrement les forces de sécurité et les bâtiments officiels, mais aussi, de plus en plus souvent, les civils, en particulier les minorités religieuses, comme les chiites (20% de la population).

Les extrémistes «mènent des représailles et attaquent des citoyens innocents pour semer la panique et briser la détermination» des autorités, a déclaré lundi le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi.

«C'est une réaction au succès des opérations que nous avons menées contre les insurgés», a estimé M. Qureshi à Lisbonne, où il se trouvait en visite.

Le district de Lakki Marwat a déjà été le théâtre d'attaques sanglantes, notamment le 2 janvier 2010: un kamikaze a tué 99 personnes en précipitant sa voiture piégée dans une foule compacte qui assistait à un match de volley-ball dans le village de Shah Hasan Khan.

La vague de violences s'est intensifiée en une semaine, avec 108 morts dans six attentats suicide.

Vendredi, un kamikaze a fait exploser sa bombe au coeur d'un rassemblement de chiites à Quetta (sud-ouest), tuant 59 personnes.

Et mercredi soir, à l'heure de la rupture du jeûne du ramadan, un triple attentat perpétré par trois kamikazes à pied a tué 31 personnes lors d'une procession chiite à Lahore.

Les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, sont le fief du TTP et d'autres groupes islamistes, mais aussi le principal sanctuaire présumé des cadres d'Al-Qaïda, qui y entraîne ses troupes et notamment ses kamikazes.