Un attentat suicide à la voiture piégée contre un bâtiment de la police dans le nord du Tadjikistan a fait au moins un mort et vingt-cinq blessés dans cette ex-république soviétique frontalière de l'Afghanistan, déchirée par une guerre civile dans les années 1990.

Le véhicule, une voiture russe Volga chargée d'explosifs, a foncé sur l'aile droite du siège de la police criminelle de Khoudjand, ville du nord du pays, détruisant en partie le bâtiment et tuant, en plus du chauffeur kamikaze, un policier.

«À la suite de l'explosion à Khoudjand, un officier supérieur de la police tadjike est mort», a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le colonel Moukhammadjon Nazriev.

«Le bâtiment a été gravement endommagé par la puissante explosion. Vingt-cinq policiers sont à l'hôpital», a précisé M. Nazriev.

Le bilan pourrait cependant s'alourdir, les autorités craignant que d'autres victimes ne se trouvent encore sous les gravats. Un médecin, joint par téléphone à l'hôpital de Khoudjand, a indiqué que certains blessés étaient dans un état critique.

La déflagration a été si puissante que plusieurs immeubles des quartiers alentour ont vu leurs fenêtres brisées dans cette ville de 150 000 habitants.

«C'était horrible (...), j'ai tout de suite vu la peur dans les yeux des gens que je rencontrais dans la rue», a raconté par téléphone à l'AFP Hoursandoï Navrouzova, une femme de 57 ans.

Les autorités tadjikes ont immédiatement accusé le Mouvement islamique d'Ouzbékistan, un groupe islamiste lié à Al-Qaïda actif en Afghanistan et dans les zones tribales du Pakistan, d'être derrière cette attaque.

Selon le colonel Nazriev, les assaillants auraient cherché à libérer des camarades emprisonnés pour meurtre à Khoudjand.

L'explosion survient au lendemain du limogeage par le président tadjik Emomali Rakhmon du chef des services de sécurité après l'évasion spectaculaire fin août de 25 militants islamistes, dont plusieurs Afghans, qui purgeaient de lourdes peines.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé avoir interpellé l'un des organisateurs de l'évasion au cours d'une opération dans une région montagneuse près de la capitale, Douchanbé. Il s'agirait d'un ancien détenu de la prison militaire américaine de Guantànamo, à Cuba, selon un porte-parole de la police.

Les autres évadés sont toujours recherchés. Le Tadjikistan avait sollicité l'aide de la Russie et de l'Afghanistan, renforçant par ailleurs le contrôle à toutes ses frontières.

Parmi les fugitifs figurent des citoyens afghans et six ressortissants russes natifs du Caucase du Nord, région instable de Russie où se poursuit une guérilla islamiste après les deux guerres successives qui y ont ravagé depuis 1994 la petite république de Tchétchénie.

Le Tadjikistan, qui a une frontière poreuse de 1 340 km avec l'Afghanistan, est dans une situation fragile depuis l'accord de paix conclu en 1997 après la guerre civile entre le pouvoir et des combattants islamistes. Ce conflit, qui avait éclaté après le démembrement de l'URSS, a fait environ 150 000 morts.

Des heurts armés entre les forces de l'ordre et des militants islamistes présumés ont lieu régulièrement dans ce pays d'Asie centrale, notamment aux frontières avec l'Afghanistan, le Kirghizstan et l'Ouzbékistan.