Un remaniement majeur a été opéré à la tête de l'armée birmane en préparation des prochaines élections législatives, ont indiqué à l'AFP vendredi des sources officielles sur place, tout en démentant le départ du numéro un de la junte, le généralissime Than Shwe.

La retraite militaire du généralissime, au pouvoir depuis 1992 et contre lequel l'opposante assignée à résidence Aung San Suu Kyi s'est battue sans relâche depuis lors, a fait l'objet d'informations contradictoires tout au long de l'après-midi.

Mais les seules informations confirmées évoquaient finalement le départ d'une quinzaine d'officiers de haut rang, dont le numéro trois actuel de la junte, le général Thura Shwe Mann. «Ils vont se préparer pour les élections», a indiqué un responsable sous couvert du plus strict anonymat.

Le site internet d'exilés birman Irrawaddy, basé en Thaïlande, a affirmé que Than Shwe et son numéro deux, Maung Aye, faisaient partie de ce vaste remaniement mais qu'ils conservaient respectivement les fonctions de numéro un et numéro deux de l'État.

L'information a été cependant démentie en Birmanie. Tous deux «restent à leur poste», a assuré une source gouvernementale. «Les autres qui ont pris leur retraite de l'armée vont rejoindre l'USDP (Parti de la solidarité et du développement de l'Union) et participeront aux élections».

Selon des sources concordantes, Thura Shwe Mann serait candidat dans l'une des circonscriptions de Naypyidaw, la nouvelle capitale birmane bâtie en 2005 à 400 kilomètres au nord de Rangoun.

Les médias gouvernementaux n'ont fait aucune mention, vendredi soir, de ces bouleversements hiérarchiques.

Si le nouveau visage de l'organigramme de la toute puissante «Tatmadaw», le nom de l'armée birmane, restait encore très flou vendredi soir, il semblait clair que la junte a bien fait un pas supplémentaire dans le processus pré-électoral.

Les élections législatives, les premières depuis vingt ans, sont prévues le 7 novembre et l'USDP, nouvellement créé par la junte, aura besoin de candidats pour porter ses couleurs et poursuivre ce que les analystes interprètent comme la volonté de la junte de se muer peu à peu en régime civil, avec une légitimité démocratique.

L'Occident a cependant à plusieurs reprises jugé que le scrutin était d'ores et déjà dépourvu de toute crédibilité.

En mai, le premier ministre Thein Sein et 22 autres membres de la junte avaient déjà renoncé à leurs fonctions militaires. Thein Sein était ces dernières semaines décrit comme devant prochainement abandonner son poste de chef du gouvernement pour mener la campagne électorale.

La nouvelle constitution adoptée en 2008, dans le cadre de laquelle sont organisées les prochaines législatives, prévoit la mise en place d'un parlement bicaméral et d'assemblées régionales élues, avec un quart des postes réservés aux militaires.

Un poste de président doit aussi être créé, dans ce processus par lequel la junte affirme vouloir mettre en place une «démocratie disciplinée».

L'opposante Aung San Suu Kyi, 65 ans, ennemie intime de Than Shwe, est exclue du processus et son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), a été dissous après avoir refusé de l'exclure de ses instances.

La «Dame» de Rangoun, prix Nobel de la paix, a passé la majeure partie des vingt dernières années privée de liberté.