La presse chinoise critiquait mercredi comme étant «pas très professionnel» et «agressif» le rapport annuel du Pentagone sur la défense chinoise, auquel, curieusement, Pékin n'avait pas encore officiellement réagi.

Dans son rapport au Congrès, publié lundi, le ministère américain de la Défense estime que Pékin «continue sans relâche» de se renforcer militairement en prévision d'un conflit avec Taïwan, malgré le rapprochement politique entre les deux ennemis.

Le rapport assure également que la Chine développe sa capacité de frappe en Asie bien au-delà de Taïwan, jusqu'à l'île américaine de Guam dans le Pacifique.

Le ministère chinois des Affaires étrangères, d'habitude prompt à réagir au rapport annuel américain, était toujours silencieux mercredi, de même que le ministère de la Défense.

C'est la presse chinoise, par experts interposés, qui ne mâchait pas ses mots.

«Ce rapport n'est pas très professionnel», écrivait Ni Feng, chercheur à l'Académie des sciences sociales, cité par le quotidien officiel China Daily. «Il utilise des termes ambigus, sans preuve solide».

Zheng Yongmian, directeur de l'Institut de l'Asie de l'Est de l'Université national de Singapour, dénonçait de son côté dans le Global Times, autre quotidien officiel anglophone, «le ton agressif à l'excès» de ce rapport.

Certains commentateurs trouvaient toutefois le rapport du Pentagone «adouci» cette année.

La Chine a suspendu ses relations militaires au printemps après l'annonce par Washington d'un contrat de plus de 6 milliards de dollars d'armement à Taïwan, l'île nationaliste dont elle souhaite la réintégration dans le giron chinois.

Meng Xiangqing, professeur de l'Université nationale de la Défense, a indiqué au Global Times que le rapport «va certainement provoquer le mécontentement de la Chine sur l'exagération de sa puissance militaire».

Selon le Pentagone, les dépenses militaires chinoises ont dépassé 150 milliards de dollars en 2009 en tenant compte de certaines dépenses ne figurant pas dans le budget officiel.

En mars, la Chine a indiqué qu'elle augmenterait son budget militaire de 7,5% pour atteindre 77,9 milliards de dollars, un chiffre 10 fois inférieur au prochain budget américain de la Défense, le plus élevé au monde.