Les États-Unis ont déployé au large du Pakistan un porte-hélicoptères qui leur permettra de multiplier par trois le nombre d'appareils mis au service des victimes des inondations meurtrières dans ce pays, a annoncé mercredi le ministre de la Défense, Robert Gates.

Les États-Unis déploient le Peleliu, un navire d'assaut amphibie mouillant au large de Karachi, qui va leur permettre de faire tourner 19 hélicoptères, soit «trois fois plus que nous n'en avons fourni jusqu'à présent», a déclaré M. Gates.

Les États-Unis avaient jusqu'à présent six hélicoptères, venus d'Afghanistan, pour aider les millions de victimes des inondations qui touchent le Pakistan.

«Les inondations au Pakistan sont potentiellement plus catastrophiques pour le pays que ne l'a été le tremblement de terre il y a quelques années», a souligné M. Gates, ajoutant que «le président (Barack Obama) veut prendre les devants en offrant son aide aux Pakistanais».

Les hélicoptères envoyés d'Afghanistan vont retourner sur leur théâtre d'origine, a expliqué M. Gates.

Les hélicoptères envoyés d'urgence ont déjà secouru 3000 personnes et permis de livrer environ 146 tonnes d'aide, selon le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell.

À terme, le Peleliu sera remplacé sur zone par un autre navire, le Kearsarge, qui devrait permettre d'augmenter encore les capacités d'aide, a précisé M. Gates.

M. Gates était à Tampa pour installer officiellement dans ses fonctions le général américain James Mattis, qui a pris mercredi soir la tête du commandement chargé de superviser de concert les guerres en Irak et en Afghanistan, en remplacement du général David Petraeus, devenu le commandant en chef des troupes internationales en Afghanistan.

Par ailleurs, l'émissaire américain au Pakistan et en Afghanistan, Richard Holbrooke, a insisté mercredi sur le fait que les inondations au Pakistan étaient une catastrophe majeure.

«Même s'il y a beaucoup moins de morts que lors du tsunami (de 2004 dans l'océan Indien), que lors du séisme de 2005 au Pakistan ou qu'en Haïti, le nombre total de personnes touchées est bien plus important que pour tous ces événements réunis», a-t-il dit devant le Council for Foreign Relations, estimant que «la reconnaissance internationale de cette catastrophe n'est pas suffisante à ce jour au vu de ses proportions».

La raison tient au fait que «les inondations, contrairement aux séismes et aux tsunamis, ne sont pas des catastrophes qui frappent soudainement et sont immédiatement suivies d'une reconstruction. Ce sont des crises longues, qui empirent et sont d'abord sous-estimées, et c'est ce qui s'est passé au Pakistan», a-t-il expliqué.

«La principale crainte des experts est que les maladies apparaissent dans les camps de réfugiés» a-t-il dit, évoquant une eau impropre à la consommation qui favorise l'apparition de choléra et de typhoïde. «Nous devons travailler dur à combattre cela, et les besoins en médicaments sont pressants», a-t-il insisté, en évoquant «les pires inondations de l'histoire du Pakistan depuis l'indépendance et semble-t-il même depuis 1920».

M. Holbrooke a rejeté les informations selon lesquelles des ONG islamistes rempliraient le vide laissé par les autorités et gagneraient des soutiens dans des régions que le gouvernement central est incapable d'atteindre.

«Les personnes à qui j'ai parlé mettent en doute la véracité de ces informations», a-t-il dit. «Je ne pense pas que nous devrions nous en inquiéter pour l'instant. Nous devrions plutôt nous inquiéter d'apporter de l'aide et du soutien aux gens».