Le chef d'état-major interarmées des Etats-Unis et l'émissaire américain pour l'Afghanistan et le Pakistan ont mis en garde jeudi contre la possibilité d'attaques extrémistes visant à provoquer un conflit entre les deux puissances nucléaires rivales, l'Inde et le Pakistan.

L'amiral Michael Mullen a déclaré craindre que des extrémistes ne commettent de nouvelles attaques en Inde, similaires à celles de Bombay fin 2008, pour provoquer une guerre avec le Pakistan voisin.

Il a entamé jeudi une visite de deux jours en Inde qui coïncide avec une visite de l'émissaire américain pour l'Afghanistan et le Paksitan, Richard Holbrooke. M. Mullen devait rencontrer vendredi son homologue indien.

S'adressant à des journalistes à bord d'un avion à destination de la capitale indienne, M. Mullen a salué la retenue de l'Inde après les sanglants attentant perpétrés par un commando extrémiste en novembre 2008 dans divers endroits de Bombay, qui avaient fait 166 morts.

«Je me suis beaucoup inquiété à propos d'une nouvelle attaque, ou quelque chose de ce genre», a-t-il déclaré, ajoutant vouloir «être sûr que cela ne se reproduira pas».

L'Inde et les Etats-Unis ont attribué les attentats au groupe islamiste basé au Pakistan Lashkar-e-Taïba (LeT), poussé par les «des agences officielles» au Pakistan.

Les deux voisins rivaux d'Asie du Sud avaient amorcé un processus de paix en 2004, mais il avait été suspendu par l'Inde après les attentats. Les deux puissances nucléaires ont repris contact ces six derniers mois pour tenter de réamorcer leur laborieux dialogue.

Récemment, le secrétaire indien à l'Intérieur, G.K. Pillai, a déclaré que les services de renseignement pakistanais (Inter-Services Intelligences, ISI) étaient impliqués dans les attentats.

Selon l'amiral Mullen, les attentats de Bombay ont montré qu'un petit groupe d'extrémistes pouvait avoir un «impact stratégique» et pousser deux puissances nucléaires vers un conflit potentiel.

«L'une des choses qui m'a frappé alors et qui reste un motif de grande préoccupation est que ces terroristes puissent rapprocher deux pays d'un possible conflit», a-t-il dit. «Ils n'étaient pas au bord (de la guerre) mais ils s'en sont rapprochés».

M. Mullen a déclaré qu'il avait fait part, après les attentats, de sa «sérieuse préoccupation» au Pakistan, y compris aux responsables de ses puissants services de renseignements.

Interrogé sur des liens présumés entre l'ISI et des islamistes extrémistes, y compris ceux luttant contre les troupes de l'Otan en Afghanistan, Michael Mullen a reconnu des désaccords avec les services de renseignement pakistanais.

Les Etats-Unis voudraient parfois «certaines clarifications» de la part de l'ISI «pour savoir pourquoi certaines choses sont faites», a-t-il déclaré sans plus de précisions.

De son côté Richard Holbrooke avait déclaré plus tôt à la presse que le LeT n'était qu'un des nombreux groupes régionaux, avec les talibans au Pakistan et en Afghanistan, à chercher à déstabiliser l'Asie du sud.

«Ils semblent devenir de plus en plus proches (...) et leur objectif à long terme est le même : créer le plus grand nombre de problèmes entre l'Inde et le Pakistan (...) pour créer une crise», a-t-il estimé.

Lors d'une visite à New Delhi en janvier, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates avait déjà affirmé que des terroristes affiliés à Al-Qaïda cherchaient à déstabiliser l'Asie du sud avec une attaque visant l'Inde qui pourrait déclencher une nouvelle guerre contre le Pakistan.

L'Inde et le Pakistan se sont fait trois guerres depuis leur partition en 1947, notamment concernant la région disputée du Cachemire.