Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a créé mardi un groupe d'experts pour se pencher sur les allégations de violations des droits de l'homme commises lors des derniers mois de la guerre civile au Sri Lanka, a annoncé son porte-parole.

M. Ban «a nommé un groupe d'experts qui le conseillera sur la question des responsabilités relatives aux allégations de violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international durant les derniers épisodes du conflit au Sri Lanka», a déclaré le porte-parole, Martin Nesirky, lors d'un point de presse.

Le groupe conseillera M. Ban «sur l'application des engagements pris sur cette question dans la déclaration conjointe du président (sri-lankais) Rajapakse et du secrétaire général publiée lors de la visite de ce dernier au Sri Lanka en mai 2009», a-t-il ajouté.

Il «examinera la manière dont peuvent s'appliquer au Sri Lanka les critères internationalement reconnus» s'agissant des processus par lesquels des personnes peuvent être amenées à «rendre des comptes, en prenant en considération la nature et l'étendue des allégations de violations commises», a précisé M. Nesirky.

Le porte-parole a souligné que ce groupe, dont la mission durera quatre mois, serait «consultatif» et ne serait pas une commission d'enquête. «La responsabilité première d'enquêter» sur les événements «est du ressort des autorités sri-lankaises», a-t-il dit.

Selon une responsable de Human Rights Watch, Peggy Hicks, «il est très clair depuis longtemps que le gouvernement du Sri Lanka ne veut pas enquêter sérieusement sur les excès commis en temps de guerre».

Le groupe de M. Ban «n'aura de valeur que s'il peut rapidement produire une feuille de route pour le lancement d'une enquête internationale indépendante, qui serait mise en oeuvre par le secrétaire général», a-t-elle dit dans un communiqué.

Le groupe se compose de trois personnes: l'Indonésien Marzuki Darusman, qui le dirigera, la Sud-Africaine Yasmin Sooka et l'Américain Steven Ratner, a indiqué M. Nesirky.

M. Darusman est par ailleurs rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'homme en Corée du Nord et avait fait partie d'une commission d'enquête de l'ONU sur les circonstances de l'assassinat de l'ex-premier ministre du Pakistan Benazir Bhutto.

Les autorités du Sri Lanka font face à de nombreuses accusations de crimes de guerre qui auraient été commis lors de l'offensive finale de ses troupes contre les rebelles tamouls dans le nord-est de l'île.

Colombo a toujours rejeté comme étant falsifiés des vidéos, des photos et des clichés satellitaires diffusés par les groupes de défense des droits de l'homme comme preuves de crimes de guerre.

Le 18 mai 2009, le gouvernement avait proclamé la victoire militaire contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), un groupe considéré comme terroriste par le Sri Lanka et les États-Unis qui réclame depuis 1972 un territoire indépendant.

Selon l'ONU, entre 80 000 et 100 000 personnes sont mortes au cours du conflit, et 7000 civils tamouls ont été tués lors des derniers mois.

La décision de M. Ban est consécutive à une visite effectuée la semaine dernière au Sri Lanka par son adjoint chargé des affaires politiques, Lynn Pascoe, pour discuter de la réconciliation nationale et des allégations de violations des droits de l'homme.

Un responsable sri-lankais a indiqué lundi à Colombo que son pays était «très mécontent» de la décision de M. Ban, annoncée jeudi dernier par M. Pascoe.