Des groupes d'hommes armés ont incendié vendredi des quartiers ouzbeks à Och, dans le sud du Kirghizstan, lors d'affrontements ethniques qui ont fait au moins 45 morts et 637 blessés. Le gouvernement intérimaire a proclamé l'état d'urgence dans cette ville et envoyé des véhicules blindés et des soldats pour ramener le calme.

L'intensité du conflit opposant des Kirghizes à des Ouzbeks, minoritaires dans la population, semble avoir pris les autorités par surprise.

Plusieurs dizaines de bâtiments de la deuxième ville du pays, Och, étaient en flammes vendredi. Des témoins ont rapporté que des tirs étaient entendus depuis tard jeudi soir. Des gangs de jeunes hommes armés de barres métalliques et de pierres s'en sont pris à des magasins et ont incendié des voitures, selon les médias locaux.

La plupart des blessés ont été soignés pour des coups de couteau et des blessures par balles, a précisé la porte-parole du ministère de la Santé, Ielena Bailinova. Plusieurs dizaines étaient dans un état jugé grave.

Un médecin, dans un hôpital d'Och, a affirmé que le bilan des victimes pourrait être beaucoup plus élevé parce que de nombreux Ouzbeks seraient trop effrayés pour demander des soins.

Ces nouvelles violences, liées à des rivalités ethniques, surviennent à une période cruciale pour le Kirghizstan, indépendant depuis l'effondrement de l'URSS en 1991. Il organise un référendum le 27 juin sur une nouvelle Constitution après les révoltes d'avril qui ont fait 85 morts et conduit au départ du président Kourmanbek Bakiev.

La gestion de cette crise va constituer un test potentiellement décisif sur la capacité du gouvernement provisoire à contrôler le pays et organiser des élections en octobre.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exprimé sa profonde inquiétude et a appelé au calme, selon le porte-parole adjoint de l'ONU Farhan Haq. Ban Ki-moon a aussi exhorté le gouvernement intérimaire «à prêter particulièrement attention aux relations interethniques dans le pays».