Au moins 80 personnes sont mortes dans le déraillement d'un train reliant Calcutta à Bombay tôt vendredi matin dans l'est de l'Inde, un drame attribué par les autorités à un acte de sabotage de la sanglante rébellion maoïste qui sévit dans de nombreuses régions du pays.

Le bilan risquait encore de s'alourdir, des dizaines de corps de passagers surpris en plein sommeil pouvant être toujours prisonniers des compartiments disloqués. Des informations de presse faisaient état de plus de 200 blessés, certains très grièvement.

Le porte-parole d'un groupe soutenu par la guérilla maoïste, le «Comité du peuple contre les atrocités de la police» (PCPA), a démenti auprès de l'agence Press Trust of India (PTI) toute responsabilité. PTI avait précédemment indiqué qu'un interlocuteur se réclamant de ce groupe revendiquait le sabotage.

Le drame s'est produit vendredi à environ 01H30 locale (16H00 heure de Montréal) dans un bastion maoïste à environ 135 km à l'ouest de Calcutta, capitale du Bengale occidental. Le train bondé a déraillé et s'est encastré dans un train de fret.

Les causes précises du déraillement étaient encore confuses.

La ministre des transports ferroviaires Mamata Banerjee a parlé «d'explosion d'une puissante bombe» mais la police a fait valoir des preuves selon lesquelles des plaques métalliques utilisées pour assembler des sections de la voie ferrée avaient été enlevées.

«C'est un acte évident de sabotage. Les maoïstes l'ont fait», a déclaré à l'AFP le chef de la police du Bengale occidental Bhupinder Singh. Peu avant, il avait indiqué que de la propagande maoïste avait été retrouvée sur le site.

Mme Bannerjee, qui s'est rendue sur place, avait déclaré auparavant que ses soupçons se portaient sur la rébellion d'extrême-gauche. «Les chemins de fer sont une cible facile. Ils les ont attaqués dans le passé et apparemment aussi aujourd'hui», a-t-elle dénoncé.

Le président des chemins de fer indien S.S. Khurana a déclaré que «les chemins de fer envisagent d'arrêter les services de nuit des trains de passagers dans les districts où sévissent les maoïstes», sans plus de précisions.

Selon l'inspecteur général de la police du Bengale occidental Surajit Kar Purakayastha, «le bilan a atteint 80 morts et nous sommes encore en train de découvrir de nouveaux corps».

Un rescapé, Ranjit Ganguly, qui se rendait à Bombay pour des vacances en famille, a expliqué avoir été projeté hors du wagon sous la violence du choc. Sa fille et son fils étaient toujours prisonniers de la masse d'acier tordu.

Le gouvernement indien risque de faire face à une nouvelle pression de l'opinion pour réviser sa stratégie de lutte contre la rébellion, jusqu'à présent pavée d'échecs. L'État s'est jusqu'ici toujours refusé à faire appel à l'armée, préférant recourir à la police et aux forces paramilitaires.

Les maoïstes, actifs depuis 1967, sont présents dans le nord et l'est de l'Inde. Ces insurgés, qui seraient entre 10 000 et 20 000, disent lutter pour la défense des paysans sans terre et des tribus.

Pour tenter de les déloger de leurs bastions, le gouvernement a lancé il y a quelques mois une vaste opération dans six États impliquant 56 000 membres des forces paramilitaires appuyées par la police locale et baptisée «Chasse verte», en référence à la jungle dans laquelle ils se cachent.

Selon le premier ministre Manmohan Singh, les «terroristes rouges» constituent la principale menace pour la sécurité intérieure.

Plus de 600 personnes sont mortes l'an dernier dans des attaques attribuées aux maoïstes. Le gouvernement a interdit le mouvement en 2009.