Imelda Marcos, veuve de l'ancien dictateur philippin Ferdinand Marcos, accompagnée de son fils et de sa fille, va faire son retour sur la scène politique nationale, selon des résultats officiels annoncés mardi.

L'ex-président Ferdinand Marcos, renversé en 1986 après une révolution populaire, avait fui aux États-Unis où il est décédé trois ans plus tard. Sa veuve avait pu rentrer aux Philippines en 1991.

Mme Marcos, 80 ans, célèbre pour ses imposantes collections de chaussures conservées dans un musée, a été confortablement élue au Congrès (chambre basse) où elle représentera sa province d'Ilocos Norte (nord), a indiqué un membre de la commission électorale, Rene Sarmiento.

Sa fille Imee, 56 ans, a par ailleurs été élue au poste de gouverneur de la province, fief de la famille.

Le fils de Mme Marcos, Ferdinand Jr, 52 ans, siègera lui au Sénat, qui compte 24 membres, selon des résultats partiels.

Les noms des 12 sénateurs élus ne devraient pas être officiellement annoncés avant la fin de la semaine mais, selon des résultats partiels portant sur une majorité de bulletins dépouillés, Ferdinand Marcos Jr arrivait en 7e position pour les 12 sièges vacants.

Les membres du clan Marcos avaient déjà réintégré la scène politique depuis leur retour d'exil en 1991, mais pas à un niveau aussi élevé.

Le fils de l'ancien dictateur, surnommé Bongbong, élu dans sa province depuis 2007, avait indiqué avant les élections qu'il envisageait même de briguer le poste de président en 2016.

Président des Philippines de 1966 à 1986, Ferdinand Marcos avait régné avec brutalité. Des milliers d'opposants avaient disparu.

La famille Marcos est soupçonnée d'avoir détourné jusqu'à 10 milliards de dollars des caisses de l'État. Après son éviction du pouvoir en 1986, M. Marcos était parti en exil à Hawaï où il est mort trois ans plus tard.

Selon Emmanuel Amistad, directeur général d'une association de défense des droits de l'Homme, Task Force Detainees, le retour des Marcos montre à quel point les Philippins peuvent oublier vite le passé.

«Les Philippins ont la mémoire courte et ils ont oublié les exactions du père (Marcos). Il y a une génération nouvelle et nombreux sont ceux qui ne savent pas ce que peut représenter la loi martiale», a-t-il déclaré.

Marcos avait profité de la loi martiale instaurée en 1972 pour régner en dictateur et emprisonner de nombreux opposants, dont «Ninoy» Aquino, père de Benigno Aquino, bien parti pour devenir le nouveau président des Philippines.