Le Premier ministre thaïlandais s'impatiente et a tenté dimanche d'accélérer la fin des manifestations à Bangkok face au risque que de nouvelles violences ne compromettent son plan de sortie de crise.

Abhisit Vejjajiva a demandé aux «chemises rouges» antigouvernementales une décision immédiate quant à la date de dispersion de leur mouvement, alors que la tension est remontée d'un cran depuis les violences survenues dans la nuit de vendredi à samedi, qui ont tué deux policiers et fait douze blessés.

«Si vous êtes sincères et voulez vous joindre au plan de réconciliation, n'attendez pas», a dit Abhisit lors d'une émission télévisée hebdomadaire, ajoutant: «Il doit y avoir une réponse claire d'ici demain (lundi) afin que la coopération (...) puisse progresser».

La feuille de route qu'il a présentée la semaine dernière comprend notamment une dissolution de la chambre basse du Parlement pendant la deuxième quinzaine de septembre, et des élections législatives anticipées le 14 novembre.

Les «rouges» l'ont acceptée, mais ont refusé de quitter les lieux immédiatement, espérant obtenir des garanties. «Nous avons besoin de quelques jours de plus pour définir nos propres propositions», avait indiqué samedi Nattawut Saikuar, un des principaux leaders «rouges».

Mais le chef du gouvernement semble pressé d'en finir, assurant qu'il dispose d'un «plan de rechange» dont il n'a pas précisé la teneur si les «chemises rouges» refusent de quitter le centre touristique et commerçant de la capitale.

Le royaume a cru pendant plusieurs jours la semaine dernière à une issue favorable. Mais les dernières violences, qui n'ont été ni attribuées ni revendiquées, ont fait l'effet d'une douche froide.

«Les terroristes et des gens vivant à l'étranger veulent perturber le plan de réconciliation», a accusé Abhisit, dans une possible allusion à l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, icône de beaucoup de manifestants.

«Les écoles vont rouvrir, les parents sont inquiets pour la sécurité de leurs enfants», a-t-il ajouté en référence à la rentrée scolaire dans une semaine. «Les terroristes pourraient mener des attaques contre les manifestants, voire les leaders».

Toutes les formations parlementaires importantes ont accepté le plan Abhisit, y compris l'opposition et les alliés de Thaksin au Parlement. Mais les grands mouvements de la société civile continuent d'argumenter.

Les «chemises jaunes» royalistes, théoriquement favorables à Abhisit et profondément anti-Thaksin, ont exigé l'annulation des élections anticipées et dénoncé la faiblesse du Premier ministre.

Dimanche, ce dernier a tenté de les rassurer en écartant l'hypothèse d'une amnistie des responsables «rouges».

«Le gouvernement ne fera pas de compromis avec les terroristes. J'affirme qu'il n'y a pas d'amnistie dans le plan de réconciliation. Ceux qui ont violé la loi feront l'objet d'une action légale», a-t-il martelé.

Samedi, les ambassadeurs des pays de l'Union européenne à Bangkok ont «condamné» les récentes violences, préconisant «une solution pacifique» pour «ramener la Thaïlande sur la voie de la réconciliation nationale, de la prospérité et de la stabilité».

L'émissaire américain Kurt Campbell, adjoint de la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton pour l'Asie de l'est et le Pacifique, a pour sa part invité les «deux parties à appeler à la retenue».