Les Premiers ministres indiens et pakistanais doivent se rencontrer jeudi lors d'un sommet régional au Bhoutan, mais les chances d'une reprise du difficile dialogue de paix entre les deux pays rivaux paraissent réduites au lendemain de la révélation d'une affaire d'espionnage.

Le ministère indien des Affaires étrangères a annoncé mardi l'arrestation à New Delhi d'une diplomate de 53 ans employée à l'ambassade de l'Inde à Islamabad, soupçonnée d'avoir fourni des informations aux services de renseignements pakistanais.

Madhuri Gupta, qui travaillait au sein du service de presse et de l'information de l'ambassade, est soupçonnée d'avoir transmis à ses contacts pakistanais des informations émanant du chef du service indien de renseignements, de recherches et d'analyses à Islamabad.

Elle était surveillée depuis six mois et a été rappelée à New Delhi pour des consultations sur le sommet régional au Bhoutan, un prétexte pour pouvoir l'arrêter, selon l'agence Press Trust of India (PTI). Cette fonctionnaire risque au moins dix ans de prison pour violation du secret défense.

Cette affaire d'espionnage risque d'assombrir davantage les relations entre les deux frères ennemis qui se sont mené trois guerres depuis leur indépendance concomitante en 1947.

Selon un porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, le premier ministre Manmohan Singh et son homologue pakistanais Yousuf Raza Gilani se rencontreront jeudi, mais l'ordre du jour n'a pas été précisé.

Les deux hommes ont tous deux assisté mercredi à l'ouverture du sommet régional pour la coopération des huits pays d'Asie du sud (SAARC) dans la capitale bhoutanaise, Thimphu.

Ce groupement régional a été créé en 1985 pour accélérer le développement et augmenter le niveau de vie des populations des pays de la zone (Sri Lanka, Bangladesh, Inde, Pakistan, Bhoutan, Népal, Maldives, Afghanistan).

Mais 25 ans et 15 sommets plus tard, le groupement a réalisé peu de progrès, en partie en raison des relations tendues entre les deux puissances nucléaires indienne et pakistanaise.

L'Inde avait initialement mis à l'ordre du jour des discussions bilatérales une dispute datant de 1984 à propos d'une rivière approvisionnant en eau les deux pays. Mais le Pakistan a clairement indiqué qu'il voulait un dialogue élargi.

«Il est temps pour l'Inde de décider si elle veut s'engager ou non (...) L'engagement (pour un dialogue global) est le seul moyen d'aller de l'avant», a commenté le ministre pakistanais des Affaires étrangères Shah Mahmood Qhreshi, avant l'ouverture du sommet.

«Nous avons besoin d'aller au-delà d'une poignée de mains», a-t-il ajouté en référence aux échanges de politesse indo-pakistanais lors du sommet nucléaire à Washington mi-avril avec une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement.

L'Inde avait suspendu le dialogue de paix entamé en 2004 avec son voisin après les attentats de Bombay en novembre 2008 qui avaient fait 166 morts. New Delhi a accusé un groupe islamiste basé au Pakistan.

Une tentative de reprise de dialogue au niveau des secrétaires aux Affaires étrangères a pour la première fois eu lieu en février à New Delhi.

Cependant, à l'issue de la rencontre, l'Inde a jugé que le dialogue bilatéral ne pourrait entièrement reprendre qu'à la condition que le Pakistan s'efforce de traduire en justice les responsables des attentats de Bombay.