Le président déchu du Kirghizistan, Kourmanbek Bakiev, a été inculpé mardi pour meurtres, a indiqué le gouvernement intérimaire de ce pays d'Asie centrale qui va demander au Bélarus, terre d'exil de l'ex-chef d'État, de l'extrader pour le juger.

«Il a été inculpé dans le cadre de deux articles (du code pénal): meurtres de plus de deux personnes et abus de pouvoir», a déclaré Azimbek Beknazarov, adjoint au chef du gouvernement intérimaire.

«Nous avons une base pour demander son extradition», a-t-il poursuivi.

M. Bakiev, renversé à la suite d'un soulèvement populaire sanglant début avril ayant fait 85 morts, a été accueilli par le président bélarusse, Alexandre Loukachenko.

«Nous allons demander bientôt à Minsk de l'extrader», a souligné M. Beknazarov, estimant que le Bélarus était «obligé» de l'extrader en conformité avec les conventions liant les deux pays.

Par ailleurs, une ONG kirghize, «Notre droit», a annoncé qu'elle avait demandé à la police d'engager des poursuites contre M. Bakiev pour «polygamie».

«L'ex-président est en infraction avec l'article 153 du code pénal du Kirghizistan car il est marié à plusieurs femmes. Notre organisation a l'intention de créer un précédent et d'engager sa responsabilité pénale», a déclaré à la presse la directrice de l'ONG, Kalitcha Oumouralieva.

«La polygamie de M. Bakiev est connue de tous, mais établir le nombre de ses femmes est l'affaire des enquêteurs», a-t-elle ajouté.

M. Bakiev est marié à une Russe, Tatiana Bakieva, avec laquelle il a eu deux fils aujourd'hui adultes. Depuis, il aurait fondé au moins une autre famille et aurait des enfants en bas âge.

L'Islam connaît depuis quelques années un certain regain au Kirghizistan, ancienne république soviétique d'Asie centrale à majorité musulmane, mais la polygamie y reste interdite.