Un tribunal nord-coréen a condamné un Américain à huit ans de travaux forcés pour être entré illégalement dans le pays, a rapporté mercredi l'agence officielle nord-coréenne KCNA.

Aijalon Mahli Gomes «a reconnu toutes les accusations» portées contre lui, lors de sa comparution mardi devant la Cour criminelle centrale à Pyongyang, a indiqué KCNA.

M. Gomes, 30 ans, habitant Boston et ancien professeur d'anglais ayant exercé en Corée du Sud, est décrit par ses collègues comme un chrétien fervent. Il avait franchi la frontière nord-coréenne depuis la Chine le 25 janvier, selon des précédentes informations communiquées par les autorités nord-coréennes.

Des représentants de l'ambassade de Suède à Pyongyang, qui représente les intérêts américains en Corée du Nord, ont pu assister au procès, selon KCNA.

M. Gomes a également été condamné à 70 millions de wons d'amende, soit l'équivalent d'environ 700 000 dollars, selon le taux officiel de change nord-coréen.

C'est le quatrième citoyen américain arrêté en un an pour être entré illégalement en Corée du Nord.

Les trois précédents avaient été graciés et expulsés. Selon les analystes, M. Gomes pourrait à son tour être libéré, Pyongyang cherchant à améliorer ses relations avec Washington.

«Le Nord ne va pas le retenir pendant huit ans», a estimé le professeur Kim Yong-Hyun de l'Université Dongguk de Séoul. «Il semble que l'application de la condamnation sera suspendue et qu'il sera expulsé, en geste de bonne volonté vis-à-vis des Etats-Unis».

Gomes était entré en Corée du Nord un mois après le missionnaire américain Robert Park, qui avait franchi le jour de Noël le fleuve Tumen, gelé, marquant la frontière entre la Chine et la Corée du Nord, appelant le numéro un nord-coréen Kim Jong-Il à libérer les détenus politiques.

M. Park avait été libéré le 6 février, sans être traduit en justice, et renvoyé vers la Chine, après avoir exprimé «son sincère repentir» pour son action, provoquée par «une propagande mensongère» en provenance d'Occident, selon des propos rapportés par KCNA.

En mars 2009, deux journalistes américaines avait été arrêtées et condamnées à 12 ans de travaux forcés, pour être brièvement entrées - sans s'en rendre compte selon elles - sur le territoire nord-coréen.

Elles avaient été graciées en août suivant après 140 jours de détention, à l'occasion d'une visite de l'ex-président américain Bill Clinton à Pyongyang, au cours duquel il avait rencontré Kim Jong-Il.

Les Etats-Unis pressent la Corée du Nord de revenir à la table des négociations à Six (États-Unis, les deux Corées, Japon, Russie et Chine) sur sa dénucléarisation, que Pyongyang a quittées en avril 2009, après avoir été sanctionné par l'ONU pour un tir de missile.

Le régime stalinien conditionne la reprise des discussions à une levée des sanctions des Nations unies et à la signature d'un traité de paix avec les Etats-Unis, jamais signé depuis la guerre de Corée (1950-1953).

«Le Nord ne gagnerait pas grand chose à le garder (Gomes) longtemps», a déclaré à l'AFP Yang Moo-Jin, professeur à l'Université des Etudes nord-coréennes de Séoul. «Il devrait le relâcher dans quelques mois, quand les discussions à Six reprendront».