«Nous manifestons contre les exécutions en Chine. Voulez-vous un dépliant?» Béatrice Vaugrante avait beau arborer son plus beau sourire hier après-midi sur la place Sun Yat-Sen, dans le Quartier chinois de Montréal, trois passants sur quatre refusaient le bout de papier, pressaient le pas ou baissaient les yeux.

«C'est toujours comme ça quand nous manifestons ici», a expliqué la présidente de la section canadienne francophone d'Amnistie internationale (AI).L'accueil peu enthousiaste qu'ont réservé à la dizaine de manifestants ces Montréalais d'origine chinoise hier après-midi ne refroidit néanmoins pas les ardeurs de l'organisation dans sa bataille contre la peine de mort.

Hier, dans son rapport annuel de 2009 sur les condamnations à mort et les exécutions, AI a décerné le prix du pire bourreau à la Chine.

Combien de personnes y ont été exécutées l'an dernier? À cette question, Amnistie refuse de répondre par un nombre exact. «Nous sommes certains qu'il s'agit de milliers d'exécutions, soit plus que tous les autres pays réunis, mais cette année, on ne donne pas de chiffre. Nos estimations sont toujours en dessous de la réalité, et le gouvernement chinois finit par les utiliser. Nous demandons à Pékin de divulguer ses propres chiffres», a déclaré hier Mme Vaugrante. En 2008, AI avait estimé que plus de 1718 détenus avaient été exécutés en Chine. «Les exécutions se font dans une opacité complète. Les avocats et les familles ne sont pas mis au courant. Souvent, les corps ne sont pas retrouvés.»

La Chine n'a pas été la seule à mettre des prisonniers à mort l'an dernier: 17 autres pays ont exécuté au moins 714 personnes en 2009. La République islamique d'Iran, qui a connu une importante crise politique, a exécuté au moins 388 personnes, dont 112 entre la tenue des élections présidentielles et l'investiture du président Mahmoud Ahmadinejad, huit semaines plus tard. L'Iran, avec l'Arabie Saoudite, a été le seul pays à exécuter des mineurs.

Dans les Amériques, des exécutions ont eu lieu dans un seul pays: les États-Unis. D'ailleurs, hier soir, Franklin Alix Jr., reconnu coupable d'un meurtre commis en 1998, a reçu une injection létale au Texas. Cet État est à lui seul responsable de 24 des 52 exécutions qui ont eu lieu l'an dernier aux États-Unis. «Ce gars-là a des enfants, une ex, des parents qui subissent les contrecoups de son exécution», a déploré hier Charles Perroud, un militant d'Amnistie qui correspondait avec le condamné à mort depuis quelques années.

Malgré la hausse du nombre des exécutions dans certains pays, Amnistie internationale note dans son rapport des baisses importantes dans d'autres. Pour la première fois l'an dernier, aucune exécution n'a eu lieu en Europe. Même constat en Afghanistan, au Pakistan, en Mongolie et en Indonésie.

Le palmarès des bourreaux

Quels pays exécutent le plus grand nombre de prisonniers? Dans un nouveau rapport rendu public hier, Amnistie internationale a donné sa réponse:

1- Chine. Pas de statistique exacte, mais on estime à plusieurs milliers les exécutions.

2- Iran. Au moins 388.

3- Irak. Au moins 120.

4- Arabie Saoudite. Au moins 69.

5- États-Unis: 52.

6- Yémen. Au moins 30.

7- Soudan. Au moins 9.

8- Vietnam. Au moins 9.

9- Syrie. Au moins 8.

10- Japon: 7.

Source: Condamnations à mort et exécutions en 2009, Amnistie internationale.