Les secouristes tentaient de sauver lundi 153 ouvriers pris au piège depuis la veille dans une mine de charbon en cours d'aménagement dans le nord de la Chine, après l'inondation d'un puits, dernière catastrophe en date dans le secteur minier le plus dangereux au monde.

Le président Hu Jintao et le premier ministre Wen Jiabao ont ordonné aux autorités locales de tout faire pour venir en aide aux ouvriers de cette immense mine de Wangjialing, dans le district de Xiangning, qui devait entrer en opération en octobre prochain, ont rapporté les médias officiels.

Des tuyaux et des pompes étaient transportés sur le lieu de l'accident pour pouvoir évacuer l'eau qui a inondé dimanche en milieu de journée la mine située dans le Shanxi, première province houillère du pays.

«Comme la mine en était au début de sa construction, il n'y a pas assez d'équipement de drainage», a commenté à la télévision l'ingénieur en chef au sein de l'administration d'État de la sécurité au travail du Shanxi, Liu Dezheng.

Selon les premiers éléments de l'enquête, l'eau s'était accumulée dans un puits de mine voisin avant d'inonder celui où les ouvriers travaillaient.

Il y a entre 130 000 et 140 000 mètres cube d'eau, soit l'équivalent de 52 piscines olympiques, et il faudra un jour et demi pour arriver à faire baisser le niveau de l'eau, trois jours pour l'enlever totalement, selon la télévision centrale CCTV.

Cependant, signe d'espoir, selon l'agence Chine Nouvelle, l'eau a cessé de monter dans le puits, ce qui augmente les chances de retrouver des survivants.

Des dizaines de voitures de police et des ambulances étaient garées sur le parking de cette mine publique, nichée au milieu de montagnes pelées à la terre brune, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Nous avons travaillé toute la nuit, nous sommes vraiment fatigués», a déclaré un secouriste, Zhang, portant encore son casque et le visage noirci.

«Nous faisons tout ce que nous pouvons pour les sauver», a-t-il ajouté, alors que la bruine ne cessait de tomber.

Au total, 261 mineurs travaillaient dans le puits au moment de l'accident et 108 ont pu remonter sains et saufs, selon l'administration.

«L'eau est arrivée comme une vague, j'étais tellement effrayé que je ne pouvais plus avancer, heureusement il y avait un passage pour le transport, je m'y suis précipité», a témoigné un ouvrier, Fan Leisheng, interrogé par CCTV.

«L'eau était derrière moi, j'ai eu de la chance de survivre à plus de 1 000 mètres sous terre», a-t-il ajouté.

La plupart des ouvriers pris au piège sont des migrants, dont certains sont venus du Guizhou (sud-ouest), à plus de 1 000 km de distance, a indiqué un secouriste à l'agence officielle Chine Nouvelle.

S'ils n'étaient pas sauvés, l'accident serait le plus meurtrier depuis plus de quatre ans.

La mine, qui s'étend sur 180 km2, appartient à la société publique Huajin Coking Coal et était prévue pour produire six millions de charbon par an.

Cette zone minière, avec plus de 2,3 milliards de tonnes de réserves de charbon - dont un milliard de réserves prouvées - avait reçu l'aval des autorités provinciales pour son exploitation, selon la même source.

Les mines de charbon chinoises sont considérées comme les plus dangereuses au monde, même si, selon les statistiques officielles, le nombre de morts y a baissé de 18% en 2009, à 2 631, grâce aux efforts entrepris ces dernières années pour améliorer progressivement les conditions de sécurité.

Ce nombre représente encore sept morts par jour. L'année la plus meurtrière a été 2002 avec 6 995 décès.