Des dizaines de milliers de «chemises rouges», partisans du premier ministre déchu Thaksin Shinawatra, manifestaient à nouveau samedi dans les rues de Bangkok, espérant rallier la population à leur mouvement de protestation contre le gouvernement d'Abhisit Vejjajiva.

Les «chemises rouges», qui réclament la tenue de nouvelles élections, comptent ensuite peindre dimanche une peinture géante à l'aide de leur propre sang, collecté ces derniers jours, une nouvelle action spectaculaire après une semaine de manifestations.

Les deux camps devraient néanmoins se rencontrer dimanche pour tenter de trouver une issue à la crise politique, d'après le quotidien Bangkok Post selon qui M. Abhisit a accepté que les opposants continuent de manifester à condition de ne pas se livrer à la violence. Le sénateur Lertrat Rattanawanit a fait savoir que les deux parties l'avaient accepté comme médiateur.

Dans la crainte d'embouteillages massifs samedi, les responsables de la police et de la municipalité de Bangkok ont exhorté les habitants à utiliser les transports en commun et à rester chez eux ou sur leur lieu de travail jusqu'à la fin de la manifestation.

Sur les trottoirs, des foules acclamaient le passage du convoi motorisé qui sillonnait la capitale en klaxonnant. La caravane des «chemises rouges» comprenait un mélange de taxis, de fourgonnettes utilisées dans les campagnes, de minibus, berlines de luxe ou tuk-tuk. Les véhicules étaient ornés de drapeaux et rubans rouges et certains automobilistes avaient placé sur leurs plaques d'immatriculation des autocollants proclamant «les chemises rouges aiment le peuple de Bangkok».

«S'il vous plaît, descendez dans la rue pour faire changer la Thaïlande. Le temps n'attend pas. Peu importe la couleur de votre chemise, elle n'a pas besoin d'être rouge: vous pouvez rejoindre notre cause si vous aimez l'égalité et la démocratie», a lancé l'un des chefs du mouvement, Natthawut Saikua, alors que des passants lançait des roses rouges sur son passage.

Les partisans de Thaksin, renversé par un putsch en septembre 2006 pour corruption présumée, accusent Abhisit d'être arrivé au pouvoir de façon illégitime avec la connivence de l'armée et des élites dirigeantes traditionnelles, affirmant que seules de nouvelles élections pourraient restaurer l'intégrité de la démocratie thaïlandaise.

Dépoussiérant un vocabulaire guère employé depuis la fin de la monarchie absolue en 1932, les «chemises rouges» parlent de lutte des classes, entre «phraï» (peuple) et «amataya» (hauts fonctionnaires et dirigeants). Par prudence, M. Abhisit dort depuis quelques jours au siège du 11e Régiment d'infanterie.

Les manifestants, partis de leur campement dans le centre historique de la capitale, comptaient parcourir quelque 70km à travers les rues de la ville, traversant le centre des affaires, le quartier chinois et les faubourgs résidentiels.