Dans la brume qui précède l'aube, un gong résonne et les filles, enveloppées dans leur sari et tête couverte, émergent frileusement du dortoir pour la prière hindouiste, leurs jeunes voix scandant les vers en sanskrit ancien.

Au pied de la chaîne de l'Himalaya, l'ashram Akhil Bharatiya Mahila accueille 50 jeunes filles, âgées de neuf à 18 ans, issues de familles parmi les plus pauvres de toute l'Inde. Cette communauté exclusivement féminine leur fournit gratuitement, outre l'instruction religieuse, éducation, logement et nourriture, leur donnant une chance d'avoir une vie meilleure.

Les petites pensionnaires expliquent que ce lieu leur a donné confiance en elles et dans le fait qu'elles peuvent faire, en tant que femmes, exactement tout ce que les hommes font. «L'ashram est géré par les femmes, pour les femmes», explique sa directrice, Ish Ahuja. «Nous voulons que nos filles prennent leur autonomie, à égalité avec les hommes», dit-elle.

L'ashram existe depuis 1945. A l'époque, il tenait lieu de maison de retraite pour vieilles femmes, mais a ensuite accepté les jeunes filles.

Dans un pays où les filles sont encore souvent considérées comme un fardeau, particulièrement pour les familles pauvres qui sont contraintes à s'endetter pendant des années pour réussir à payer leur dot, l'ashram est un véritable refuge.

Ce sont les dons qui financent tout. Une formation à l'informatique et des cours de couture sont également fournis aux jeunes pensionnaires, qui s'occupent les unes des autres, prient et étudient en groupe et préparent leurs propres repas.

Sonia Yadav, 15 ans, découpe des photos de mannequins dans un magazine, pour un projet scolaire. Arrivée à l'ashram à l'âge de neuf ans, elle veut être styliste à sa sortie. «Je ne veux pas me marier trop jeune. Je veux faire quelque chose de ma vie», dit-elle.

Nombre de ces jeunes filles sont venues à l'ashram car si elles étaient restées dans leur famille, leur instruction aurait cessé à l'âge de dix ans.

C'est le cas de Rietambhar Pandit, 16 ans, qui est originaire du Bihar (nord-est), l'un des Etats les plus pauvres de l'Inde. «Je suis venue ici pour faire des études. C'était mon souhait, et j'ai demandé à mes parents de m'y envoyer. J'ai pris confiance en moi en vivant ici».

Priyanka Mahto, 16 ans également, pense la même chose. Elle compte bien pour sa part devenir médecin.