L'Inde a proposé au Pakistan l'ouverture de discussions au niveau des Affaires étrangères, plus d'un an après avoir interrompu le dialogue à la suite des attentats de Bombay, a annoncé jeudi une source gouvernementale, une avancée majeure dans les relations bilatérales.

Le Pakistan a confirmé peu après que l'Inde lui avait proposé de rouvrir le dialogue mais il a réclamé des clarifications sur son contenu avant d'y répondre formellement. «Ils ont proposé des entretiens au niveau des secrétaires aux Affaires étrangères et nous avons demandé des clarifications sur le contenu de ces entretiens, nous attendons la réponse de l'Inde», a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Abdul Basit.

Les secrétaires aux Affaires étrangères sont les plus hauts fonctionnaires des deux ministères, mais ne sont pas des ministres.

Depuis les attentats de Bombay qui ont fait 166 morts en novembre 2008, l'Inde, qui accuse le groupe islamiste installé au Pakistan Lashkar-e-Taiba (LeT), avait gelé le processus de paix entamé avec Islamabad en 2004, demandant que le Pakistan traduise en justice les responsables du massacre avant de reprendre les discussions.

«L'Inde entamera des discussions avec un esprit ouvert et positif», a déclaré à l'AFP une source gouvernementale sous couvert d'anonymat.

L'Inde veut évoquer la question du terrorisme et tout autre sujet qui pourrait «contribuer à créer une atmosphère de paix et de sécurité» entre les deux pays, a poursuivi cette source, ajoutant: «Ne préjugeons pas du résultat».

L'Inde et le Pakistan, les deux grands rivaux d'Asie du sud, tous deux dotés de la puissance nucléaire, se sont déjà affrontés dans trois guerres depuis leur indépendance concomitante en 1947.

New Delhi et Islamabad avaient lancé un processus de paix en 2004 qui avait permis d'atténuer considérablement les tensions, notamment concernant la région disputée du Cachemire.

Mais ce dialogue avait été interrompu après les attentats.

Cette proposition intervient au lendemain de l'annonce de la venue du ministre indien de l'Intérieur au Pakistan pour une réunion régionale le mois prochain. Il sera le premier ministre important à traverser la frontière depuis fin 2008.

Même si la communauté internationale avait salué l'Inde pour avoir fait preuve de mesure à l'égard d'Islamabad après les attentats -aucun bruit de bottes ne s'était fait entendre- le pays fait face depuis plusieurs mois à une pression accrue pour reprendre le dialogue dans un contexte de forte instabilité régionale.

Les États-Unis, engagés dans la lutte contre les talibans en Afghanistan, souhaitent que les deux rivaux empêchent la région d'être contaminée par l'insurrection.

De son côté, le Pakistan fait pression sur Washington pour persuader l'Inde de reprendre le dialogue, considérant que la menace que représente pour lui son puissant voisin limite sa capacité militaire pour lutter contre Al-Qaeda et les talibans.

Kalim Bahadur, professeur à la retraite spécialiste des relations indo-pakistanaises, a jugé que la proposition indienne serait «sans aucun doute» bien accueillie par la communauté internationale, mais qu'elle risquait de provoquer la confusion en Inde.

«Le gouvernement avait insisté sur le fait que le Pakistan devait agir avant de reprendre le dialogue, et soudainement il apparaît que des progrès ont été faits. Mais cela a échappé à l'homme de la rue», a-t-il commenté.