Le Premier ministre malaisien a lancé un appel au calme samedi après une quatrième attaque contre un lieu de culte chrétien à Kuala Lumpur, signe de tensions intercommunautaires dans un pays largement musulman qui compte 10% de chrétiens.

Un temple protestant situé dans le sud-ouest de la capitale malaisienne a été la cible samedi de cocktails Molotov qui n'ont pas fait de victimes mais endommagé ses murs.

«Nous pensons que cette attaque est liée aux précédentes, mais personne n'a rien vu. Il n'y a pas de témoins», a dit le chef de la police Khalid Abou Bakar, réagissant à cette quatrième attaque en deux jours.

Trois autres édifices religieux avaient été incendiés et endommagés dans la nuit de jeudi à vendredi dans la banlieue de Kuala Lumpur.

Les tensions se sont accrues en Malaisie depuis un premier feu vert de la justice donné la semaine dernière à un journal catholique local autorisé à employer le mot «Allah».

Face à la colère d'organisations musulmanes et aux pressions du gouvernement qui a agité la menace de tensions interconfessionnelles, la Haute cour de Malaisie a suspendu mercredi sa décision.

Le gouvernement s'est prévalu d'une décision du Haut conseil national de la fatwa de mai 2008 statuant que le mot «Allah» ne peut être utilisé que par les seuls musulmans en Malaisie.

Effectuant une visite dans l'une des églises visées, le Premier ministre Najib Razak a cherché à apaiser les tensions dans ce pays multiculturel où cohabitent à côté de la majorité musulmane des minorités chinoise et indienne.

«L'islam nous interdit d'insulter ou de détruire toutes les autres religions, que ce soit physiquement ou en s'attaquant aux lieux de culte des autres religions» a déclaré le Premier ministre.

«Tout le monde doit rester calme et ne pas agir sous l'emprise de l'émotion», a ajouté le dirigeant malaisien.

Au cours de cette visite dans l'église du Tabernacle, dont le sol a été gravement endommagé par une attaque incendiaire, le Premier ministre a annoncé l'allocation de 500 000 ringgit (148 038 dollars) pour restaurer l'édifice.

Il s'agit d'une «contribution sincère du gouvernement pour maintenir l'harmonie au sein de la société» a dit à la presse le dirigeant, accompagné de ministres et responsables de la police.

Le directeur de publication du journal catholique, le Herald, le père Lawrence Andrew, qui avait été autorisé a utiliser «Allah» pour traduire le mot de «Dieu» dans la section en malais du journal, a dénoncé une campagne d'intimidation contre son hebdomadaire visé par des cyber-attaques.

L'hebdomadaire est édité en quatre langues, avec environ 14 000 exemplaires par semaine.

Les musulmans représentent plus de 60% de la population de la Malaisie où l'islam est la religion officielle. Ce pays est régulièrement en proie à des tensions ethniques entre Malais (60%), Chinois (25%) et Indiens (8%).

Le pays compte 10% de non musulmans dont 850 000 catholiques.