Des milliers d'anciens enfants soldats ayant combattu dans les rangs maoïstes lors de la guerre civile au Népal ont commencé jeudi à quitter les camps supervisés par les Nations unies où ils passèrent trois années, un premier pas vers le timide processus de paix.

La plupart sont désormais adultes mais certains d'entre eux n'avaient que 13 ans lorsqu'ils rejoignirent les rebelles et leur éducation est aujourd'hui sommaire. «Mes mains ont seulement été entraînées au maniement des armes», confie Bhawana Chaudhary, une jeune femme de 23 ans qui rejoignit les guérilleros à 17 ans et dit craindre le retour à la vie normale après les années dans le camp de Sindhuli, au centre du Népal, un petit pays situé entre l'Inde et la Chine.

Selon des associations des droits de l'homme, les anciens rebelles recrutaient de force les enfants soldats, exigeant parfois un enfant par maison dans les régions sous leur contrôle. Certains s'enrôlaient cependant de leur plein gré.

Un accord de paix signé en novembre 2006 mit fin à dix années de guerre civile qui opposa des rebelles maoïstes voulant renverser la monarchie aux forces de sécurité et qui fit au moins 12.500 morts.

Plus de 200 jeunes filles et garçons ont troqué jeudi leur uniforme bleu de l'Armée de libération du peuple (PLA) pour des habits civils et se sont mis en route vers leurs villages après une cérémonie officielle dans le camp.

Ce sont les premiers anciens combattants sur les 24.000 ex guérilleros vivant dans des camps à être libérés.

Cette libération est «une étape importante dans le processus de paix du pays», a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère de la Paix. «Nous espérons que cela va ouvrir la voie au processus crucial de réhabilitation et de réintégration des combattants maoïstes».

Les ex-enfants soldats pourront recevoir des formations pour devenir coiffeur, réparateur de vélos ou peintre en bâtiment.

En décembre 2007, la mission des Nations unies au Népal (Unmin) avait découvert au cours de vérifications que 2.973 personnes parquées dans les camps étaient mineures et que 1.035 autres n'étaient pas de vrais combattants.

Leur libération rapide avait été décidée mais son entrée en vigueur avait été retardée en raison de désaccords entre le parti maoïste, aujourd'hui dans l'opposition, et ses rivaux politiques.

Au cours du mois de janvier, ces 4.008 personnes quitteront définitivement les camps après avoir reçu un habillement civil, des papiers d'identité et 135 dollars pour rentrer chez eux.

Cette opération va permettre aux maoïstes d'être retirés d'une liste des Nations unies recensant les organisations utilisant les enfants lors de conflits.

Les maoïstes veulent que les 20.000 membres restants du PLÀ soient intégrés dans l'armée régulière népalaise mais les négociations sont toujours en cours.

Le porte-parole du PLA, Chandra Prasad Khanal, a jugé «triste» de voir partir les anciens membres de l'armée rebelle, tout en estimant que c'est «un message au monde pour montrer notre implication» dans le processus de paix.

Cette libération suscitait aussi des réactions mitigées au sein des anciens enfants soldats. «Je ne veux pas être formée à un autre métier. Je veux être soldat, c'est ce que je sais faire», affirmait Bhawana Chaudhary.

Tulasa Poudel, 24 ans, qui a rejoint les maoïstes à 14 ans, se dit fière d'avoir combattu à leurs côtés. «Je n'aimais pas la façon dont les femmes étaient traitées dans ma communauté. J'ai rejoint le PLÀ pour changer ça parce que je trouvais que les maoïstes pratiquaient l'égalité».