L'ancien président indonésien Abdurrahman Wahid, au pouvoir de 1999 à 2001 dans le pays à majorité musulmane le plus peuplé du monde, est mort mercredi à Jakarta à l'âge de 69 ans, a annoncé son parti.

L'ancien chef de l'État, qui fut le quatrième président de l'Indonésie, a succombé a des complications dues au diabète et à une attaque cérébrale, a déclaré le Dr Aris Wibudi de l'hôpital Cipto Mangunkusumo de Jakarta.

Abdurrahman Wahid était depuis des années en mauvaise santé : diabétique, presque aveugle, il avait déjà subi d'autres attaques cérébrales.

Né dans une grande famille musulmane de Jombang, dans l'est de l'île indonésienne de Java, Wahid était apparu sur la scène politique comme leader de l'un des plus grands partis musulmans indonésiens, le Nahdlatul Ulama (NU). Auparavant, il avait été un adversaire du général Suharto, le dictateur qui gouverna le pays d'une main de fer pendant 32 ans.

Wahid a été élu président par le Parlement en 1999, après que Suharto eut été contraint à la démission l'année précédente. Il était un ardent partisan de la tolérance ethnique et religieuse, et son mandat a été une période de changement démocratique.

Mais Wahid a été confronté aux conflits séparatistes et intercommunautaires dans diverses régions de cet immense archipel de 234 millions d'habitants, comme la province d'Aceh, la Papouasie indonésienne ou les îles Moluques.

Et l'extrémisme islamiste a frappé avec les attentats coordonnés de Noël 2000 dans des églises de Jakarta et d'autres villes indonésiennes. Ces attentats qui ont fait 18 morts ont été attribués au réseau terroriste régional Jemaah Islamiyah.

La tactique de Wahid a été de réprimer les extrémistes islamistes mais de rechercher le dialogue et la conciliation avec les séparatistes ethniques, ce qui lui a valu les critiques de l'armée et des élites de la capitale.

Critiqué pendant son mandat pour un style de gouvernement jugé erratique, Wahid a été relevé de ses fonctions en 2001 par un vote de l'Assemblée nationale, sur fond d'allégations non prouvées de corruption et d'incompétence.

Malgré son état de santé, il est resté actif à la tête du Nahdlatul Ulama jusqu'à sa mort.