Environ 17 000 «chemises rouges» ont manifesté jeudi à Bangkok, en promettant de reconquérir le pouvoir avec le soutien de leur leader en exil, l'ex-premier ministre Thaksin Shinawatra, qui a dénoncé par vidéo-conférence une «démocratie diminuée».

La manifestation devant le monument de la démocratie de la capitale se tenait le jour de la Constitution, jour férié qui marque l'adoption de la première Constitution de la Thaïlande en 1932. Les «chemises rouges» réclamaient notamment l'abolition de la Constitution adoptée en 2007, un an après le coup d'État militaire qui avait chassé Thaksin du pouvoir, et en vertu de laquelle le parti qui lui était favorable à été dissout l'an passé.

Ils demandent aussi la grâce de l'homme d'affaires, en exil pour échapper à une condamnation à deux ans de prison pour malversations financières, et le départ du premier ministre actuel, Abhisit Vejjajiva, qui va fêter son premier anniversaire au pouvoir.

Dans la soirée, celui qui continue de dominer la vie politique thaïlandaise a accusé par vidéo-conférence les partis politiques du pays de ne «pas remplir leurs fonctions».

«En Thaïlande, la démocratie est affaiblie», a-t-il estimé. «Si les "chemises rouges" reviennent au pouvoir, elles rétabliront la constitution de 1997 et aboliront celle de 2007», a-t-il assuré.

Des élections législatives sont prévues en principe en 2011 mais un scrutin anticipé est régulièrement évoqué dans les milieux politiques du pays.

Thaksin a aussi réaffirmé jeudi son soutien à la monarchie constitutionnelle, en réponse à nombre de critiques qui avaient jugé irrespectueux à l'égard du roi Bhumibol des propos tenus récemment au quotidien britannique The Times.

Les manifestants ont ensuite allumé des bougies en l'honneur du monarque, 82 ans, immensément révéré dans le pays et hospitalisé depuis presque trois mois.

La scène politique du royaume est très instable depuis trois ans, avec une bipolarisation croissante entre les «chemises rouges» et les «chemises jaunes», royalistes et viscéralement opposées à Thaksin.

L'ancien premier ministre reste très populaire dans les régions rurales du nord d'où il est originaire. Il est, en revanche, détesté par une bonne partie des élites de Bangkok.