Des affrontements ont éclaté lundi dans une province du sud des Philippines entre l'armée et un puissant clan local soupçonné du massacre, fin novembre, de 57 civils dans le cadre d'un règlement de compte politique, ont annoncé les autorités.

«Il y a eu des échanges de coups de feu entre ces groupes et des forces de la police nationale philippine», a affirmé à la presse le secrétaire d'État à l'intérieur, Ronaldo Puno.

«Ils sont actuellement engagés dans des affrontements armés avec des membres des forces de sécurité», a-t-il ajouté.

Il n'a pas été immédiatement fait état de victimes.

La province de Maguindanao a été placée samedi sous le régime de la loi martiale, justifié par le risque d'une rébellion dans cette province après l'arrestation de son gouverneur, Andal Ampatuan Sr.

Andal Ampatuan Jr, l'un des fils du gouverneur, a déjà été arrêté et inculpé de 25 meurtres.

Le clan à la solde du gouverneur Ampatuan, qui dirige la province de Maguindanao depuis 2001, est fortement soupçonné du massacre, le 23 novembre, de 57 civils. Ces derniers faisaient partie d'un convoi constitué de parents d'un rival politique du clan Ampatuabn et d'un groupe de journalistes.

La tuerie serait liée, selon les enquêteurs, à des rivalités entre clans pour le contrôle de la province, où des élections sont prévues en 2010.

L'armée philippine a estimé lundi à plus de 3000 les partisans armés du clan du gouverneur.

Les autorités avaient annoncé dimanche la découverte d'une nouvelle cache d'armes et l'interpellation de 62 personnes dans la province de Maguindanao (sud).

C'est la première fois que la loi martiale est instaurée aux Philippines depuis la dictature de Ferdinand Marcos. Le pays entier avait alors été placé sous loi martiale entre 1972 et 1981.

Le Parlement philippin doit décider mardi du maintien ou de la levée de la loi martiale, selon le président du Sénat, Juan Ponce Enrile.

La loi martiale, qui peut être imposée au maximum durant deux mois, sera levée dès que possible, avait assuré samedi le porte-parole de la présidence.

L'opposition a jugé quant à elle son instauration injustifiée, craignant qu'elle puisse être décrétée dans d'autres régions, à l'approche de l'élection présidentielle de mai 2010.