L'emplacement de l'ancienne usine ressemble de plus en plus à un terrain vague. Une végétation dense prend le pas sur les vieilles installations rouillées. Les enfants sautent la clôture pour y jouer au cricket. Les bergers viennent y faire brouter leurs moutons et leurs vaches. Les gardiens les chassent à coups de bâton ou en leur lançant des pierres. Mais tous reviennent sur le terrain contaminé dès qu'ils ont le dos tourné.

Les autorités indiennes souhaitent démolir les derniers vestiges de l'Union Carbide pour en faire un parc commémoratif. Mais Rashida Bee s'y oppose formellement. «Ils pensent que si on démolit les structures, la population va oublier ce qui s'est passé.»

 

Les militants ont demandé l'aide de l'UNESCO afin de décontaminer, restaurer et préserver le terrain et les installations de l'usine pour en faire un lieu historique.

«Ils veulent qu'on oublie tout, mais ni Dow ni le gouvernement indien ne viendra à bout de nous, ajoute-t-elle. La blessure qu'on nous a infligée ne peut s'oublier. Les habitants de Bhopal n'oublieront jamais.»